LA BASE NAVALE DE TOULON SE PRÉPARE FACE AU RISQUE NUCLÉAIRE

Dans l’enceinte militaire, les menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) sont prises au sérieux. Sur le site, les mesures de prévention et les exercices sont nombreux. L’objectif ? Anticiper et se préparer au pire.

En hébergeant un porte-avions, six sous-marins à propulsion nucléaire, un dépôt pétrolier et un site pyrotechnique, la base navale de Toulon est intrinsèquement concernée par les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC). Afin d’éviter la propagation de fumées toxiques, l’irruption d’une forte explosion ou encore la formation d’un nuage radioactif, la Marine nationale mise avant tout sur la prévention.

« La mission de la base navale est de préparer les navires de la Marine pour qu’ils soient aptes à partir en opérations, explique le capitaine de vaisseau Frédéric, chef de la division prévention maîtrise des risques et environnements. L’activité est donc sensible, avec des livraisons de produits chimiques et de matières dangereuses. Les risques sont connus, la préoccupation principale est “que faire pour que l’accident ne se produise pas ? ” Nous veillons en permanence à la bonne coordination des activités et nous sensibilisons le personnel ».

Huit exercices majeurs par an

Concrètement, cela signifie que chaque activité à risque est réglementée et scrupuleusement planifiée par le poste de commandement de la base navale. Aucune chance donc de voir se croiser, au même moment et au même endroit, un camion-citerne rempli de gazole avec des véhicules transportant les missiles de la frégate de défense aérienne Forbin. Pour prévenir le pire dans ce site hautement sensible, une surveillance radiologique est également active en permanence, grâce à des balises disposées sur les lieux. Ainsi, le site nucléaire est surveillé 24 heures sur 24 au cas où une fuite radioactive surviendrait, avant qu’elle ne menace la ville et la région.

Huit exercices majeurs ont lieu chaque année dans la base, avec notamment l’activation de l’Organisation nationale de crise de Défense dédiée au nucléaire. Cependant, avec la catastrophe de Tchernobyl ou encore l’accident de Fukushima, l’histoire nous montre que tout peut basculer en un instant. La base navale est-elle donc prête à faire face à un accident majeur ? « On se prépare », affirme calmement le lieutenant de vaisseau Matthieu, officier sécurité du port et NRBC de la base. En réponse à toute crise, le site va enclencher un plan d’urgence mobilisant ressources et compétences nécessaires comme le service de surveillance radiologique et des équipes d’experts.

De nombreux moyens pour faire face aux crises

Il y a aussi la compagnie de 130 marins-pompiers spécialisés, qui dispose de qualifications sur les risques technologiques et NRBC. « Ils sont formés, entraînés, et ils ont une capacité d’intervention permanente sur tout type de risque », explique le capitaine. En 2020, ce sont eux qui ont fait face aux flammes qui ravageaient le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Perle.

C’est grâce à leur intervention, et à l’appui rapide des marins-pompiers de Marseille, que le sinistre a pu être circonscrit à la partie avant du SNA pendant les 14 heures d’incendie et qu’aucun gaz toxique n’est venu polluer l’air. Pour s’en assurer, le laboratoire d’analyse de surveillance et d’expertise de la Marine a été activé afin de réaliser des mesures détaillées des fumées pour évaluer leur toxicité et s’assurer qu’elles ne contenaient pas de toxiques graves.

Si l’ensemble de l’opération a été une réussite, la gestion de la crise a été conduite depuis le poste de coordination et de sécurité de la base navale en lien avec le poste de commandement et de direction du commandant de l’arrondissement maritime, tout en tenant informé le préfet du Var. « La préfecture a une cellule de crise miroir à la nôtre et on les alimente de points très réguliers sur la situation. Tout est déjà bien coordonné, on travaille de concert et on s’y entraîne, pour bien se connaître si le pire se produit », affirme le commandant.

Si crise, ce qui est prévu à Toulon

En cas d’accident à caractère nucléaire survenant à l’intérieur du port militaire mais dont les conséquences seraient susceptibles de menacer les populations civiles riveraines, la préfecture du Var déclencherait son plan particulier d’intervention (PPI). La zone d’application de ce plan concerne les communes de Toulon, La Seyne-sur-Mer et Ollioules et comporte de grandes mesures :

– mise à l’abri de la population le temps qu’un éventuel nuage radioactif passe

– évacuation d’une partie de la ville

– distribution de pastilles d’iode préventive.

Par NICOLAS CUOCO, publié le 31/07/2022 à 18h45, mis à jour le 31/07/2022 à 19h36

Photo en titre : Les marins-pompiers de la base navale de Toulon équipés de protections chimiques. Photo Marine nationale

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