NUCLÉAIRE. EPR FLAMANVILLE : LE PUBLIC CONSULTÉ AVANT L’AUTORISATION DE DÉMARRAGE

Du 5 juin au 15 septembre 2023, l’Autorité de sûreté nucléaire va mener une consultation du public concernant le projet de mise en service du réacteur EPR de Flamanville (Manche).

L‘Autorité de sûreté nucléaire (ASN) va lancer le 5 juin 2023, et jusqu’au 15 septembre, une consultation du public concernant le projet de mise en service du réacteur EPR de Flamanville. Le dossier – 22 000 pages selon EDF – n’est pour le moment pas encore en ligne sur son site internet. Il devrait l’être dans le courant de la semaine.

Cette consultation fait suite à la demande de mise en service de l’installation déposée par EDF en juin 2021. Elle comprend le rapport de sûreté, les règles générales d’exploitation, le plan d’urgence interne, une mise à jour de l’étude d’impact, une étude de maîtrise des risques et le plan de démantèlement.

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Un premier avis critique

L’Autorité environnementale, sollicitée par l’ASN, a déjà rendu un premier avis le 23 décembre 2021 sur ce projet de mise en service. Le mémoire de réponse d’EDF figurera dans le dossier soumis au public.

Un avis critique que celui de l’Autorité environnementale. Elle estimait que le dossier « se focalise sur la seule mise en service de l’EPR » sans aborder par exemple, dans l’étude d’impact, les options qui ont été remises en cause à mesure de la construction.

Elle regrettait aussi le peu d’informations concernant certains aspects du fonctionnement du réacteur : le combustible qui sera utilisé, dont une partie a été modifiée après les incidents survenus sur le réacteur EPR numéro un de Taïshan, la gestion des matières radioactives, le suivi de la biodiversité terrestre…

Elle recommandait aussi de « récapituler les écarts, incidents et accidents qu’a connus l’EPR en lien avec la sûreté nucléaire pendant sa phase de construction et d’expliciter les mesures prises pour y répondre, en particulier pour ce qui concerne la cuve du réacteur. »

C’est tout le débat qui agite la Commission locale d’information de Flamanville qui doit examiner, lors de son assemblée générale le 25 mai, la demande d’expertise indépendante formulée par le Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire (Crilan) depuis un an et demi. Le président de la Commission, Benoît Fidelin, lui préfère la rédaction d’un document résumant le déroulement du chantier et ses aléas, à destination du grand public. Mais sera-t-il prêt pour la consultation à venir ?

Et ce pavé de 22 000 pages… Qui s’armera d’assez de courage pour les lire toutes et rendre un « avis éclairé » ?

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En avril déjà, l’ASN a mené une consultation du public concernant spécifiquement la mise en service et l’utilisation de la cuve de l’EPR.

Une anomalie de fabrication, avec une trop forte teneur en carbone, avait été décelée sur les calottes de fond et le couvercle de la cuve, une fois celle-ci installée dans le bâtiment réacteur.

Si l’ASN avait finalement validé la cuve, sous réserve de contrôles supplémentaires dans la période d’exploitation, elle avait demandé le remplacement du couvercle avant le 31 décembre 2024.

Les réparations nécessaires des soudures ont entre-temps repoussé la mise en service du réacteur.

Et Framatome  a demandé un remplacement à l’issue d’un premier cycle complet, entre 15 et 18 mois.

Cette consultation a recueilli 571 contributions. Dans la synthèse qu’elle vient de publier, l’ASN observe que 40 % des contributions expriment une opposition à la filière nucléaire et au projet de réacteur EPR, environ 25 % une opposition à la mise en service de la cuve de ce réacteur avec ses composants actuels.

Il y a également eu des questionnements, sur le principe même de cette consultation, le traitement différencié entre le fond et le couvercle de cuve, la faisabilité du remplacement du couvercle et sa gestion en tant que déchet.

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Pendant ce temps, sur le chantier…

Pendant ce temps, les travaux se poursuivent sur le chantier. La fin de la remise en conformité des soudures du circuit secondaire principal de l’EPR a permis d’engager de nouvelles activités dans le bâtiment réacteur, telles que la fin des peintures. « Elles requièrent un haut niveau de qualité et qui doit répondre à des exigences précises : tenue à l’irradiation, à la chaleur, résistance aux chocs et décontamination », explique EDF.

L’épreuve hydraulique du circuit secondaire principal va aussi pouvoir être lancée, avant des essais de requalification d’ensemble qui débuteront à l’été et se poursuivront jusqu’en fin d’année.

L’objectif d’EDF reste un chargement du combustible au premier trimestre 2024, puis le démarrage d’un réacteur EPR dont la construction a commencé en 2007.

Par Jean Lavalley, publié le 15 mai 23 à 07h40 (Voir mon actu, suivre La Presse de la Manche)

Photo en titre : L’Autorité environnementale a déjà rendu un premier avis sur ce projet de mise en service du réacteur EPR de Flamanville (Manche). Le mémoire de réponse d’EDF figurera dans le dossier soumis au public. (©DR)

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