La Commission d’information locale de la centrale nucléaire de Flamanville s’est réunie en Assemblée générale, ce jeudi 25 mai. Couvercle de l’EPR, réacteur 1, demande d’expertise du Crilan… voilà ce qu’il faut en retenir.
Le menu du jour était copieux pour les membres de la Commission locale d’information (CLI) de Flamanville, réunis en Assemblée générale, ce jeudi 25 mai. Chantier de l’EPR, retard du redémarrage du réacteur n°1 ou encore demande d’une expertise indépendante du Crilan, on vous résume les principales informations à retenir.
Encore du retard pour le redémarrage de Flamanville 1
Le réacteur n°1 devra encore attendre avant d’être branché au réseau. Son redémarrage, déjà repoussé trois fois, est une nouvelle fois reporté du 2 juin au 13 août 2023. Un retard dû, là aussi, à des suspicions de défaut sur une soudure. « On avait rechargé le réacteur, on était prêt à repartir et puis nos experts nous ont demandé de contrôler une soudure complémentaire », explique Guillaume Gibaud, directeur délégué à la centrale de Flamanville 1 & 2.
Le contrôle par ultrasons – un contrôle « non-destructif » – n’a pas permis de lever les doutes. « Aucun doute n’est permis dans notre filière. On doit donc procéder au remplacement de cette partie de tuyauterie, et voir ensuite en laboratoire s’il y avait effectivement des défauts », expose le directeur d’EDF.
L’EPR sera lancé avec son couvercle actuel
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait donné son feu vert la semaine dernière pour un lancement de l’EPR avec son couvercle actuel, comme demandé par son constructeur Framatome. Une décision sur laquelle est revenue la CLI et qui apparaît comme du bon sens pour EDF. « Le couvercle ne pose pas de problème de sûreté », assure Alain Morvan, directeur du projet Flamanville 3.
Le couvercle ne sera donc remplacé qu’au terme d’un cycle complet, au bout d’un an d’exploitation. « Cela nous évite de faire un arrêt intermédiaire, sachant que le nouveau couvercle est toujours en fabrication. Il ne nous sera pas livré avant le troisième trimestre 2024 et il y a ensuite un temps de préparation pour le monter sur le réacteur », décrit Alain Morvan.
Attendre ce nouveau couvercle serait donc synonyme d’un nouveau retard de chantier. « Nous avons besoin d’électricité en France et l’EPR est prêt à démarrer en fin d’année, ce serait dommage de le laisser à l’arrêt pendant X mois en attendant le couvercle de remplacement », explique-t-il.
Le directeur du projet table maintenant sur la fin des traitements thermiques des soudures du circuit secondaire principal d’ici la fin de l’été, pour lancer en septembre les répétitions générales du fonctionnement du réacteur, avant un démarrage en décembre 2023.
Pas d’expertise indépendante comme demandée par le CRILAN
Cela faisait plusieurs mois que le CRILAN (Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire) demandait la commande d’une expertise indépendante sur le chantier de l’EPR. La proposition est enfin passée au vote lors de l’Assemblée générale, mais a été rejetée à la quasi-unanimité (36 votes contre, 7 abstentions et un vote blanc).
« C’est un vote totalement surréaliste », dénonce André Jacques, président de l’association. « Le président a repris notre demande initiale « est-ce que la CLI est d’accord pour l’expertise et aussi de la financer ? ». Sauf que le bureau ne nous a pas permis de disposer des ressources techniques de l’ANCCLI qui nous aurait permis d’avancer sur la question du budget », l’ANCCLI qui nous aurait permis d’avancer sur la question du budget ».
Un mépris de démocratie, selon les membres du CRILAN qui ont quitté la CLI quelques minutes après le vote. Un manque de responsabilité vis-à-vis de la population aussi, estime André Jacques : « quand on est membre d’une CLI, on a la prérogative de pouvoir décider d’une expertise. Non seulement, c’est un pouvoir, mais c’est aussi une responsabilité, et je crois que peu de gens dans cette CLI ont conscience de cette responsabilité ».
De son côté, Benoît Fidelin, président de la CLI et maire d’Héauville, défend la dimension démocratique de la commission et estime que son rôle n’est pas de diligenter des expertises. « Nous n’avons pas à nous substituer à l’ASN et à l’IRSN qui sont des organismes scientifiques indépendants et qui font le travail d’évaluation, de contrôle et de mise en place de la sûreté avec une exigence, une hauteur de vue et une rigueur implacables. Le rôle de la CLI, c’est d’informer sur tout ça, mais ne pas prendre la place des experts scientifiques », explique-t-il, citant en exemple l’inspection de revue en cours cette semaine.
En revanche, la CLI a adopté à l’unanimité la rédaction d’un document pédagogique de synthèse sur l’histoire du chantier de l’EPR.
Par Chloé Martin (France Bleu Cotentin), publié le jeudi 25 mai 2023 à 20h33
Photo en titre : Couvercle de l’EPR, redémarrage du réacteur n°1 et demande d’enquête du Crilan… Autant de sujets abordés lors de la CLI de Flamanville, ce jeudi 25 mai. © Radio France – Chloé Martin
https://www.francebleu.fr/infos/societe/nucleaire-ce-qu-il-faut-retenir-de-la-cli-de-la-centrale-de-flamanville-de-ce-jeudi-25-mai-1160101
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