L’IRAN CACHE SON NUCLÉAIRE SOUS LA MONTAGNE, À L’ABRI DES REGARDS ET DES BOMBES

Des photos satellites prouvent que Téhéran enterre ses installations près de Natanz. Pour échapper aux bombes les plus performantes.

Les photos prises par les nano-satellites de l’entreprise privée américaine Planet Labs sont édifiantes. Près de la ville de Natanz, on voit une large route partir d’un des principaux centres de recherche nucléaire iraniens pour rejoindre le pied des monts Zagros. Les multiples et fréquents passages des satellites au-dessus de la zone ont révélé une importante circulation de véhicules et l’accumulation de gravats à l’extérieur qui accréditent le percement de tunnels. 

Une des images satellite prises par Planet Labs. On y voit la route qui rejoint le pied de la montagne (en bas) depuis le centre de recherches nucléaires de Natanz (en haut). | PLANET LABS PBC/AP/SIPAVoir en plein écran

Pour y faire quoi ? L’hypothèse la plus probable est la volonté de mettre une partie des installations à l’abri des regards et surtout de possibles frappes aériennes.

Depuis que, à la grande déception des Européens, l’administration Trump s’est retirée en 2018 de l’accord sur le contrôle des activités nucléaires iraniennes conclu en 2015, l’Iran est en roue libre. En riposte aux nouvelles sanctions de Washington, le régime des mollahs, qui jure ne mener qu’un programme civil, s’est peu à peu affranchi de ses engagements.

Assez pour faire des bombes

L’enrichissement de l’uranium qui devait se limiter à 3,7 %, assez pour faire fonctionner des centrales électriques, dépasse désormais 60 %. Des inspecteurs de l’AIEA ont même détecté des échantillons enrichis à plus de 87 %, tout près du seuil militaire pour fabriquer une bombe atomique. Et les stocks d’uranium enrichis dépassent aujourd’hui de vingt fois les 200 kg autorisés par l’accord de 2015.

Une des images satellite prises par Planet Labs. On y voit la route qui rejoint le pied de la montagne (en bas) depuis le centre de recherches nucléaires de Natanz (en haut). | PLANET LABS PBC/AP/SIPA. Voir en plein écran

Un casus belli pour les États-Unis et leur allié régional Israël, qui ont juré qu’ils ne laisseraient jamais l’lran obtenir l’arme atomique. Autant dire que les photos satellites de Planet Labs, révélées le 22 mai par l’agence Associated Press, ont fait à Tel-Aviv l’effet d’une… bombe. Car l’épaisseur de roche des monts Zagros à cet endroit, soit 80 à 100 m au-dessus des tunnels, rendrait inopérantes les plus sophistiquées des bombes américaines. Ce sont des munitions hautement destructrices et à fort pouvoir pénétrant, capables de percer jusqu’à 50 m sous la surface, et justement développer pour.

Israël, qui a mené ces dernières années de nombreuses opérations clandestines de sabotage ou d’assassinats de scientifiques iraniens, a déjà réagi. Bombe ou pas,  il n’y a aucun endroit qui ne peut être atteint  assure son conseiller national à la sécurité Tzachi Hanegbi.

Par Patrick ANGEVIN (Ouest-France), publié le 27/05/2023 à 18h05

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Photo en titre : Le centre de recherche nucléaire iranien de Natanz, près d’Ispahan, photographié en 2005. | ARCHIVES RAHEB HOMAVANDI, REUTERSVoir

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