La centrale nucléaire du Bugey a de nouveau été épinglée dans le bilan annuel de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), dévoilé ce mardi 13 juin. Des fragilités sont signalées depuis 2019.
Peut mieux faire, pour la centrale nucléaire du Bugey, à l’est de Lyon. L’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), a présenté ce mardi 13 juin son bilan des inspections réalisées sur l’année 2022. La division de Lyon est la plus importante par la taille et la diversité de son parc nucléaire. On y trouve en effet quatre centrales nucléaires exploitées par EDF, celle du Bugey (Ain), celle de Saint-Alban (Isère), celle de Tricastin (Drôme) et celle de Cruas (Ardèche).
S’y ajoutent les nombreux sites industriels et de recherche de la région, la gestion des déchets nucléaires, le transport des substances radioactives et les établissements hospitaliers, nombreux là aussi, qui utilisent la technologie nucléaire pour effectuer certains soins.
Si les centrales nucléaires de Saint-Alban, du Tricastin font figure de « bons élèves », il n’en va pas de même pour celles du Bugey (Ain) et, dans une moindre mesure, de Cruas (Ardèche).
À la centrale nucléaire du Bugey, des performances « dégradées »
Sur l’année 2022, le gendarme du nucléaire a réalisé 330 inspections dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont 116 dans ces quatre centrales. Au total, 30 événements de niveau 1, selon l’échelle INES, ont été recensés par l’ASN dans les installations nucléaires de la région. Le niveau 1 signifie qu’il y a des anomalies, mais sans impact sur les travailleurs, l’environnement ou la population.
La centrale nucléaire du Bugey a fait l’objet de 32 inspections, à peu près comme les trois autres. D’après l’ASN, il en ressort des performances globales « en retrait » en matière de sûreté nucléaire par rapport aux autres inspections.
« En matière de sûreté nucléaire, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire se sont dégradées en 2022, dans un contexte industriel pourtant moins chargé que les années précédentes, note le gendarme du nucléaire dans son rapport. L’ASN constate des fragilités sur la mise en configuration des circuits, la gestion des essais périodiques, la planification et la réalisation des activités de maintenance et des essais de requalification, ainsi que sur la problématique des pièces de rechange. »
La centrale du Bugey mise en demeure de sécuriser le bâtiment des réacteurs
Pour rappel, des « fragilités » avaient été constatées dès 2019 sur la centrale nucléaire du Bugey, qui persistaient en 2020. La situation ne semble pas s’être améliorée en 2022. En août, l’ASN a mis en demeure EDF de prendre des dispositions sur les radiers, les dalles de béton qui constituent la base du bâtiment des quatre réacteurs de la centrale nucléaire.
Un délai a été accordé à EDF, qui pourra effectuer les travaux nécessaires lors de la quatrième visite décennale du réacteur Bugey-3, prévue en novembre 2023. A l’issue de ces contrôles, ces réacteurs mis en service en 1979-1980 devraient rempiler pour dix années supplémentaires d’activité.
À lire aussi sur Rue89Lyon
- Sûreté nucléaire : des fragilités qui persistent dans la région de Lyon
- Près de Lyon, la centrale nucléaire du Bugey déjà prête à accueillir deux nouveaux réacteurs
La centrale nucléaire de Cruas a elle aussi été jugée « en retrait » par rapport à l’inspection générale de l’ASN, qui note « une recrudescence d’écarts et de non-qualités de maintenance ». Les deux autres centrales n’ont pas fait l’objet d’une appréciation aussi sévère. Celles de Saint-Alban et du Tricastin, épinglées en 2019 et en 2020, ont été saluées pour leurs performances satisfaisantes en matière de sûreté nucléaire.
Par Rue89Lyon, publié le 13/06/2023 à 21h40
Photo en titre: La centrale du Bugey à Saint-Vulbas, à 30 km de Lyon et 70 km de Genève. ©IG/Rue89Lyon
https://www.rue89lyon.fr/2023/06/13 /le-gendarme-du-nucleaire-tape-encore-sur-la-centrale-du-bugey/
Message de Rue89Lyon:
À Rue89Lyon, on assume un journalisme engagé. Notre rôle, en tant que journaliste, c’est d’alerter, de demander des comptes, parfois d’égratigner celles et ceux qui nous gouvernent, souvent de donner la parole aux personnes à qui elle est confisquée.
Pour que ce journalisme continue de vivre à Lyon, dans sa banlieue, mais aussi dans la proche ruralité : parlez de nous autour de vous, offrez un abonnement à vos proches, ou faites un don à Rue89Lyon.
Commentaires récents