LA FRANCE DÉPEND-ELLE DE L’URANIUM DU NIGER ?

La France surveille attentivement les tensions politiques en cours au Niger. Elle y a des intérêts à la fois sécuritaires et économiques, comme l’extraction d’uranium. Niamey fournit environ 15% de l’uranium consommé dans les centrales nucléaires françaises.

Au moment où la démocratie vacille au Niger, les inquiétudes françaises – et européennes – se font sentir. C’est que Paris a, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, des enjeux sécuritaires, mais également économiques. L’extraction d’uranium naturel dans le désert nigérien en est un. 

Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, le Niger fournit même « l’uranium indispensable aux centrales nucléaires » en France, ce qui ne permettrait pas « l’indépendance énergétique » de notre pays. La part d’uranium, qui est importée du Niger vers la France, a aussi fait l’objet d’une question au service des Vérificateurs.

Le Niger, premier importateur de l’UE

Pour rappel, la totalité de l’uranium servant aux 56 réacteurs nucléaires françaises est produite à l’étranger. Les besoins sont donc importants et pour cela, la France peut compter sur l’extraction d’uranium nigérien, dans des mines à ciel ouvert, par le groupe Orano (ex-Areva). Dans l’Union européenne, le Niger reste le premier pays importateur d’uranium naturel. En 2021, il fournissait ainsi 24,2% des approvisionnements, devant le Kazakhstan et la Russie, selon l’agence européenne d’approvisionnement Euratom (ESA). À eux trois, ces pays représentent 66,94% du total de l’uranium consommé par les États membres ayant des centrales nucléaires. 

En France, la part d’uranium nigérien est moindre. Elle représenterait aujourd’hui 15% des importations totales d’uranium, selon Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire. Avant le départ des troupes françaises du Mali, le spécialiste soulignait à TF1info que leur présence au Sahel visait justement « à sécuriser l’approvisionnement des centrales françaises en uranium dans les mines du nord du Niger, une zone désertique seulement séparée du Mali par un trait sur les cartes géographiques ». Orano, quasiment le seul groupe français à exploiter l’uranium nigérien, a également partagé une estimation. Selon l’entreprise, citée dans Le Monde, l’uranium nigérien alimente encore les centrales à hauteur de 10 % à 15 % de leurs besoins.

« Le 5ème fournisseur de la France« 

Si le Niger reste un fournisseur important de l’uranium en France, il n’est plus celui de choix, car la France diversifie ses acheteurs. Il est même devenu « le 5ème fournisseur de la France », comme le souligne Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales (Ifri), auprès de l’AFP. Ce lent déclin se constate au cours des dernières années, puisqu’en 2020, l’uranium nigérien représentait encore le premier importateur d’uranium, avec 34,72% de l’uranium naturel fourni à la France, d’après le comité technique Euratom (CTE) à Libération et franceinfo. Juste devant le Kazakhstan (28,95%), l’Ouzbékistan (26,43%) et l’Australie (9,91%).

Ainsi, les capacités d’importation ont diminué avec la fermeture d’un site majeur au printemps 2021. La Compagnie minière d’Akokan (Cominak) a arrêté sa production « suite à l’épuisement des ressources », d’après le groupe Orano, laissant à ce jour une seule mine sous giron français. Celle de Somaïr, dans le nord du Niger, dont l’activité a été prolongée jusqu’en 2040 par le gouvernement nigérien et Orano. Un contrat, signé en mai dernier, à peine deux mois avant le putsch militaire. 

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Pour pouvoir rebondir, le groupe nucléaire français réfléchit également à investir un autre site dans le nord-ouest du pays, celui d’Imouraren. Comme le souligne Jeune Afrique, son exploitation aurait dû débuter dès 2015, mais la chute des prix de l’uranium après l’accident de Fukushima a contribué à retarder l’opération. « Le projet Imouraren, aujourd’hui sous cocon, sera mis en production en fonction des conditions du marché », précise simplement Orano sur son site. Des essais doivent – en théorie – débuter en 2024, pour une mise en route quatre ans plus tard.

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Par Caroline QUEVRAIN, publié le 30 juillet 2023 à 16h26, mis à jour à 21h27

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