Imaginez la catastrophe quand vous jonglez avec des missiles balistiques intercontinentaux, de l’équipement militaire parmi le plus sophistiqué au monde, un arsenal nucléaire et une bonne dose de paranoïa !
Parmi l’avalanche de révélations sur les enquêtes concernant Donald Trump, une d’entre elles est passée inaperçue cette semaine. Au printemps dernier, il a répondu pendant sept heures aux questions des procureurs du ministère de la Justice de l’État de New York dans une affaire de fraude civile contre lui et son entreprise.
Interrogé sur son autorité au sein de la Trump Organization alors qu’il était à la Maison-Blanche, Trump a répondu qu’il considérait la présidence comme « la tâche la plus importante au monde, sauvant des millions de vies ». Ajoutant, selon le New York Times, « Je pense qu’il y aurait eu un holocauste nucléaire si je ne m’étais pas occupé de la Corée du Nord ».
DES PAROLES EN L’AIR
S’il ne se laissait pas emporter par les délires de grandeur de son ego, l’ancien président conviendrait qu’il n’a fait, au mieux, que ralentir pendant un court moment la cavalcade nord-coréenne vers le statut de puissance nucléaire.
Kim Jong-un, le leader paranoïaque de la Corée du Nord, n’ayant pas obtenu la levée des sanctions qu’il revendiquait en participant à des rencontres au sommet avec Donald Trump, a continué de nourrir une psychose ambiante en Extrême-Orient.
Cette psychose s’est emballée au cours des derniers jours avec les exercices militaires que la Corée du Sud et les États-Unis ont tenus dans la région. Pyongyang y a réagi en tirant en mer des missiles balistiques à courte portée, question de démontrer que le nord peut frapper n’importe où au sud.
Kim Jong-un perpétue le mythe que son petit pays risque à tout moment une invasion militaire conjointe de l’armée sud-coréenne et des forces américaines. Comme si les États-Unis souhaitaient se retrouver dans un nouveau bourbier après s’être arrachés de peine et de misère à l’Irak et à l’Afghanistan. Et comme si la Corée du Sud tenait à compromettre un développement économique remarquable et un des standards de vie les plus élevés au monde pour mettre la main sur son voisin du nord, sous-développé, pauvre et affamé.
UNE SPIRALE ALARMANTE
Nous sommes pris toutefois dans un engrenage angoissant : Washington et Séoul multiplient les exercices militaires pour contrer la menace du nord ; exercices qui excitent la hantise de Pyongyang, qui répond en tirant plus de missiles, se montrant, du coup, plus dangereux et poussant les États-Unis et la Corée du Sud à intensifier leurs préparatifs de défense.
Plus tôt cette semaine, la Maison-Blanche a prévenu que ces tensions s’apprêtaient à déborder du cadre coréen. La Corée du Nord et la Russie négocieraient de futures livraisons d’armements que Moscou utiliserait dans sa guerre contre l’Ukraine.
Difficile de concevoir pire qu’une collaboration entre un dirigeant, Vladimir Poutine, qui a amorcé un conflit injustifiable et un autre leader qui a fait réaliser par ses généraux une simulation de frappe nucléaire qui ferait de la Corée du Sud une « terre brûlée ». Deux extrémistes avec qui le dialogue s’avère, hélas, impossible.
LES 2 CORÉES, INCOMPARABLES
Drapeau de la Corée du Nord (gauche) et drapeau de la Corée du Sud (droite). PHOTOMONTAGE
. Population
Au Nord : 26 millions
Au Sud : 51,8 millions
. Espérance de vie
Au Nord : 71 ans
Au Sud : 81 ans
. Pouvoir d’achat
Au Nord : 118ème au monde
Au Sud : 14ème
. Budget de défense
Au Nord : 4,5 G$ US
Au Sud : 42,1 G$ US
. Forces militaires actives
Au Nord : 1,2 million
Au Sud : 555 000
Par Richard Latendresse, publié le 02 septembre 2023 à 00H00
Photo en titre : Kim Jong-un et Yoon Suk Yeol. PHOTO AFP
https://www.journaldemontreal.com/2023/09/02/holocauste-nucleaire-entre-gros-egos-et-paranoia
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