NORMANDIE. NUCLÉAIRE : LA TÉLÉ JAPONAISE SCRUTE LES « PRÉLEVEURS »

Vendredi 1er septembre 2023, une équipe de NHK, la chaîne de télé japonaise, a suivi les bénévoles de l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) qui ont prélevé du sable et des algues sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados).

Vendredi 1er septembre 2023, 18 h, une équipe de l’Acro, l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, a chaussé les bottes pour se rapprocher de l’eau à marée basse, sur la plage de Saint-Aubin-sur-Mer. Une démarche presque banale pour une association de surveillance qui revendique son indépendance et réalise, tous les six mois depuis vingt ans, des prélèvements d’eau de mer, de sable, d’algues, de coquillages sur quatorze plages normandes, de Granville à Dieppe. « Le niveau de rejet de certains éléments radioactifs par l’usine de retraitement d’Orano-La Hague, comme le cobalt 60 et l’argent 110, est plutôt à la baisse, constate Mylène Josset, responsable du laboratoire d’analyse de l’Acro à Hérouville-Saint-Clair. Mais, la présence de tritium, l’hydrogène radioactif, est en légère hausse. » Idem pour l’iode 129 dont le rejet porte forcément la marque d’Orano-La Hague, les centrales nucléaires n’en émettant pas dans leur environnement. « Des traces de cet iode 129 ont été retrouvées jusque dans des algues au Danemark. »

Le traumatisme de Fukushima

Ces constats, dressés par l’Acro, sont-ils inquiétants ? « Rien d’alarmant, modère Mylène Josset. Ces doses d’éléments radioactifs restent faibles. Notre démarche de contrôle s’inscrit sur le long terme : à l’échelle d’une vie, quelles conséquences la présence de ces éléments peut-elle avoir sur la santé des consommateurs de produits de la mer ? La recherche scientifique ne répondant pas, pour l’instant, à cette question, autant maintenir les niveaux le plus bas possible, en alertant la population et en incitant les exploitants à limiter leurs rejets. »

840 fois plus

Cette relative tranquillité étonne l’équipe de reporters de NHK, la grande chaîne de télévision japonaise, venus spécialement de Paris, vendredi, pour assister aux prélèvements. « Chez nous, le rejet de Tritium par la centrale nucléaire de Fukushima vient de déclencher une crise diplomatique avec la Chine» rappelle une journaliste nipponne. Or, l’usine de la Hague est autorisée à rejeter 840 fois plus d’hydrogène radioactif que la centrale japonaise ! « Ce rejet, bien plus important, est inhérent à l’activité de retraitement, relativise Mylène Josset de l’Acro. Le tritium de La Hague est dilué par les forts courants du raz Blanchard. » Au Japon, le sujet est d’autant plus sensible que le traumatisme, lié à la catastrophe de Fukushima en 2011, est encore bien présent.

Par Benoit LE BRETON, (Ouest-France ), publié le 03/09/2023 à 16h45

Photo en titre : Le cameraman de NHK saisit un bénévole, occupé à prélever du sable en vue de son analyse par le laboratoire de l’Acro. | OUEST-FRANCE

https://www.ouest-france.fr/normandie/normandie-nucleaire-la-tele-japonaise-scrute-les-preleveurs-ebf895b0-4973-11ee-8875-f76dc2467048

Message de Ouest France :

Abonnez-vous