LE ROYAUME-UNI POURRAIT HÉBERGER DES MISSILES NUCLÉAIRES AMÉRICAINS

Le Pentagone va construire un aéroport et un entrepôt à 100 kilomètres de Londres. Ce dernier contiendra des “armes spéciales”. Selon les spécialistes, il s’agirait d’armes atomiques.

Un retour des armes nucléaires américaines sur le sol britannique. Cela serait le nouveau projet de l’armée de l’air américaine qui a obtenu un financement de 46 millions d’euros pour construire un aéroport ainsi qu’un entrepôt qui pourrait bien contenir des missiles atomiques. Pourtant, cela fait presque 15 ans que le Royaume-Uni ne stocke plus les ogives américaines sur son sol. Cependant, des groupes de réflexion et le quotidien The Guardian ont épluché des documents budgétaires du Pentagone et ont révélé que des avions de chasse F-35, capables de mener des bombardements nucléaires, seront aussi présents sur cette future base militaire.

Ce qui a éveillé les soupçons des spécialistes militaires, c’est l’expression “surety dormitory” (dortoir de sécurité) qui a été utilisée à maintes reprises pour décrire la future base aérienne. Selon la Federation of American Scientists, ces termes sont fréquemment utilisés par le Pentagone pour désigner « la capacité d’une infrastructure à garder des armes nucléaires en lieu sûr et sous contrôle permanent”. Autre élément qui prouverait la suspicion des chercheurs : dans le budget du Pentagone, le Royaume-Uni a été ajouté à la liste des pays où des investissements d’infrastructures sont en cours sur des sites de stockage « d’armes spéciales » en Europe, aux côtés de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas et de la Turquie.

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La construction de ce fameux “dortoir” devrait commencer en juin 2024 et durer jusqu’en février 2026. Il se situera près de l’aéroport militaire de Lakenheath situé à 100 kilomètres au nord de Londres. C’est un choix logique pour l’armée de l’air américaine. En effet, l’aéroport de Lakenheath a déjà été l’un des trois sites britanniques à abriter des armes nucléaires américaines pendant la guerre froide, jusqu’à leur retrait en 2008. Plus précisément, cette base militaire abritait 110 ogives atomiques. Accueillir des armes américaines est un avantage pour le Royaume-Uni puisque ce pays ne peut lancer de missiles nucléaires que depuis ses sous-marins. Grâce aux États-Unis, Londres aurait aussi une dissuasion aérienne.

Le Royaume-Uni, un rouage essentiel pour les États-Unis

« Un dortoir de sécurité est un bunker utilisé pour abriter des missiles nucléaires et des ogives. Il doit être renforcé et constituer un endroit sûr – si les Russes voulaient lâcher une bombe sur eux, cela ne créerait pas d’accident nucléaire« , a précisé au Telegraph Hamish de Bretton-Gordon, ancien commandant du régiment chimique, biologique, radiologique et nucléaire conjoint Royaume-Uni-Otan. Cependant, cette affirmation n’a pas réussi à éteindre les craintes de certaines ONG.

Kate Hudson, secrétaire générale de l’organisation pour le désarmement nucléaire, a déclaré que “Lakenheath est une fois de plus un rouage essentiel de la machine nucléaire de Washington à l’étranger, malgré le refus du gouvernement britannique de reconnaître cette réalité”. Elle a ajouté que la présence de ces ogives ferait du Royaume-Uni une cible prioritaire en cas de guerre nucléaire.

Interrogée sur la possibilité d’un retour des armes nucléaires sur la base lors d’un récent briefing, la secrétaire de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a sobrement expliqué que la politique américaine consistait à « ne pas confirmer ni infirmer la présence ou l’absence d’armes nucléaires dans un lieu général ou spécifique« .

Par Thomas Romanacce, publié le 3 septembre 2023

Photo en titre : Le Royaume-Uni pourrait héberger des missiles nucléaires américains© Joel Pfiester / USAF

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