RTE AFFINE LES SCÉNARIOS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE À L’HORIZON 2035

« Éclairer le débat public sur la planification écologique et énergétique » : le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE a rendu public mercredi un rapport qui affine ses projections à horizon 2035, une première étape dans la trajectoire de la France pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Objectif : l’électrification « accélérée » des usages pour sortir des énergies fossiles et se conformer au programme européen « Fit for 55  » qui renforce les objectifs de réduction des émissions de CO2 des pays européens.

À horizon 2035, RTE table dans cette optique sur une consommation annuelle d’électricité comprise entre 580 et 640 TWh, avec une production comprise entre 640 et 700 TWh, dans le scénario le plus favorable, dit « A ». En 2022, les Français ont consommé 460 TWh d’électricité.

Dans cette course vers la neutralité carbone, ce scénario de décarbonation « A » nécessitera de mobiliser simultanément quatre leviers – efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables et nucléaire -, un défi à la portée de la France, selon RTE. « C’est facile nulle part, c’est accessible partout », a résumé devant la presse, Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Dans un premier temps, en attendant l’arrivée des nouveaux réacteurs après 2035, RTE table sur la sobriété et une accélération des renouvelables : d’ici 2035, il faut « viser au minimum une production d’électricité renouvelable annuelle de 270 TWh (contre environ 120 TWh aujourd’hui) et si possible de 320 TWh », estime RTE.

Concernant le nucléaire, RTE table, dans une hypothèse prudente, sur une production moyenne annuelle de 360 TWh d’ici 2035, en maximisant le parc actuel de réacteurs. Après un hiver 2022-2023 à haut risque et une année noire marquée par une production électrique historiquement basse, notamment en raison d’un parc nucléaire largement indisponible, RTE table dès cet hiver sur une amélioration de la sécurité d’approvisionnement.

Mais, avertit RTE, « il semble désormais probable que la transition va se déployer dans un climat macroéconomique et géopolitique plus complexe que celui des années 2000 et 2010 : taux d’intérêt élevés, croissance faible, capacités de financement public sous tension, relations internationales dégradées », énumère-t-il comme autant d’obstacles.

Alors que le gouvernement planche sur la stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), cette nouvelle donne a poussé RTE à plancher sur des scénarios moins favorables que le « A », qui permet d’être au rendez-vous de 2030 et de remplir les objectifs d’électrification et de réindustrialisation de la France, a expliqué à l’AFP Xavier Piechaczyk.

Ainsi, un scénario « B », dans lequel la France est en retard « pour des raisons qui lui sont propres » et enfin, un scénario « C », dit de « mondialisation contrariée », où il y a « d’autres retards, qui sont liés au monde extérieur » a-t-il détaillé.

Flexibilité de la demande

Ce scénario C se traduirait à court terme par « une consommation d’électricité plus faible », « un renchérissement du coût des équipements de la transition énergétique (+15 à 20% pour les investissements photovoltaïques au sol par exemple) », et une « augmentation des coûts de financements« , selon le rapport.

Dans ce scénario difficile, « le coût complet des énergies renouvelables est supérieur de 30 à 60%, voire jusqu’à 100% pour des filières en tension comme l’éolien en mer ». « En revanche, sur le long terme, il y a plusieurs façons de sortir » de ce scénario, a précisé Thomas Veyrenc, directeur exécutif du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE. Il faudra « relocaliser une partie de la chaîne de valeur des équipements de la transition énergétique pour sécuriser les approvisionnements », dit RTE, quitte à investir plus.

Dans tous les scénarios, l’augmentation rapide de la consommation d’électricité représente un défi pour la souveraineté énergétique, notamment à la saison froide, quand plus de Français se chaufferont à l’électrique : « le niveau des pointes de consommation hivernales va augmenter ».

D’où la nécessité de mettre en place un véritable « plan en trois volets pour développer la flexibilité de la demande » grâce à un pilotage accru, selon M. Veyrenc, qui le résume ainsi : « déployer des équipements » (boîtiers, domotique, bornes connectées, installations connectées dans les bâtiments); promouvoir des « incitations tarifaires » et « pouvoir contrôler son effet sur le système ».

Par AFP, publié le 20 septembre 2023 à 15h24

https://www.connaissancedesenergies.org/afp/rte-affine-les-scenarios-de-la-transition-energetique-lhorizon-2035-230920