Un projet de la minière canadienne Cameco suscite de vives critiques dans le plus grand État d’Australie, l’Australie-Occidentale. L’entreprise basée à Saskatoon souhaite y exploiter le gisement Yeelirrie acheté à l’australienne BHP Billiton pour 430 millions de dollars américains en 2012.
. Un militant autochtone de la région, Kado Muir, poursuit la lutte de ses ancêtres qui se battent contre l’exploitation d’uranium sur le territoire de Yeelirrie depuis quarante ans.
Muir préside une coalition contre le nucléaire qui organise une marche de 300 kilomètres à travers le désert chaque année pour faire valoir les droits traditionnels de son peuple et les risques environnementaux de l’uranium à long terme.
Cette semaine, la coalition a obtenu l’appui de certains membres du Parti des travailleurs, l’opposition officielle en Australie-Occidentale.
Nous chassons, nous récoltons notre nourriture sur ces terres. Nous voyageons sur ces terres, c’est là où nous vivons. Des opérations minières auraient un impact négatif sur ces activités traditionnelles.
. Des impacts potentiels sur la faune souterraine de la région
Le groupe attend maintenant la décision du ministère de l’Environnement de l’État de l’Australie-Occidentale concernant le projet Yeelirrie de Cameco. Le ministère doit se prononcer sur les recommandations de l’Autorité de protection de l’environnement de l’État.
Dans un rapport rendu public au mois d’août, l’organisme indépendant conclut que la proposition de l’entreprise ne respecte pas l’un des neuf facteurs environnementaux étudiés, soit l’impact sur la faune souterraine de la région.
Le rapport de l’organisme indépendant indique notamment que la proposition de l’entreprise menace certaines espèces vivant dans la nappe phréatique.
La proposition peut avoir un impact direct sur la faune souterraine en raison de la suppression de l’habitat
. Rapport de l’Autorité de protection de l’environnement d’Australie-Occidentale
Les auteurs soulignent également que les perturbations à la surface pourraient toucher certains apports en nutriments de l’eau, entraîner des déversements chimiques et des changements aux niveaux et à la qualité de celle-ci.
Les recommandations de l’Autorité de protection de l’environnement ont été portées en appel par Cameco. « Nous croyons qu’avec davantage d’échantillonnage et de recherche, nous pouvons réduire plusieurs enjeux autour de la faune souterraine », explique une porte-parole de l’entreprise, Carey Hyndman.
Elle souligne que le plan n’est pas nécessairement de changer le projet soumis à l’Autorité de protection de l’environnement, mais de faire davantage de recherche pour « mieux comprendre les organismes microscopiques, parce que c’est une science inexacte », selon elle.
Elle soutient par ailleurs que l’entreprise travaille de près avec les groupes autochtones sur le terrain, bien qu’elle n’ait pas conclu d’entente formelle avec eux pour le projet Yeelirrie, comme c’est le cas par exemple pour un autre projet dans la région, le projet Kintyre.
. Une occasion d’affaires à long terme, selon un expert
Cameco n’a pas l’intention d’aller de l’avant avec la production tant que le marché de l’uranium ne reprendra pas de la vigueur. « Nous voulons nous assurer que [le projet] soit prêt quand le marché prendra de la vigueur », explique Mme Hyndman. Elle ajoute que, dans le contexte actuel, l’entreprise préfère miser sur des mines déjà en production, dont celles de McArthur River et Cigar Lake, situées en Saskatchewan.
Le professeur titulaire au Département de management de l’Université Laval, Yan Cimon, souligne que le gisement australien pourrait se révéler profitable dans quelques années, même si le prix moyen réalisé par Cameco en ce moment peut sembler peu avantageux par rapport aux tendances des cours mondiaux de l’uranium.
Lorsque l’on regarde la croissance potentielle de la demande d’électricité et la croissance des centrales nucléaires, il y a de belles occasions pour Cameco dans le futur.
Yan Cimon, professeur titulaire au Département de management de l’Université Laval.
Cimon souligne que l’Australie a des liens économiques de plus en plus étroits avec la Chine, qui est en train de mettre en place une vingtaine de réacteurs nucléaires supplémentaires sur son territoire.
Un texte d’Anouk Lebel à retrouver sur :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/814558/cameco-yelirrrie-recommandations-environnement-australie-uranium
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