COMMUNIQUÉ DE L’OBSERVATOIRE DU NUCLÉAIRE

ObservatoireC’est au plus tard mercredi que le Conseil d’État, saisi par l’Observatoire du nucléaire, se prononcera sur la demande d’arrêt de 3 réacteurs nucléaires (Tricastin3, Gravelines2 et Dampierre3) dont l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé la remise en service alors qu’ils sont dotés de générateurs de vapeur défectueux.

Cette décision irresponsable a été prise sous la pression d’EDF qui est confrontée à une augmentation de la consommation d’électricité du fait de la baisse des températures. La question est donc clairement posée aujourd’hui : les règles de sûreté nucléaire sont-elles facultatives dès qu’il fait froid ? La baisse des températures est-elle un argument suffisant pour mettre, plus encore que d’habitude, la population sous la menace imminente d’une catastrophe nucléaire ?

Il faut en effet noter que l’acier des générateurs de vapeur concernés comporte des zones où la concentration en carbone monte jusqu’à 0,39%, un taux très largement supérieur à la limite maximale de 0,22% exigée, ce qui entraîne une importante fragilité de ces pièces.

Or, les documents officiels de sûreté nucléaire précisent que la rupture d’un générateur de vapeur est « exclue », ce qui signifie qu’elle ne doit sous aucun prétexte se produire : aucune parade n’est alors possible et la situation peut très vite évoluer vers une catastrophe équivalente à celle de Fukushima.

Lors de l’audience qui s’est tenue vendredi 13 janvier, l’Observatoire du nucléaire a demandé au Conseil d’État de contraindre EDF et l’ASN à respecter leurs propres préconisations et à rejeter le véritable « bricolage » avancé pour justifier la remise en service des réacteurs concernés : la mise en œuvre de « mesures compensatoires » et de « dispositions complémentaires » supposées éviter les situations au cours desquelles les générateurs de vapeur seraient amenés à rompre.

Cette situation est comparable à celle d’une voiture délabrée qui serait autorisée à rouler… en demandant au conducteur d’accélérer et décélérer le plus doucement possible, et en espérant qu’aucun obstacle n’oblige à freiner d’urgence…

Pour mémoire, l’industrie nucléaire française et l’ASN sont depuis plusieurs mois au cœur du pire scandale industriel de l’Histoire :

– les fournisseurs (principalement Areva et le japonais JCFC) ont fabriqué des pièces défectueuses dont un grand nombre a été couvert par des certificats de sûreté falsifiés.

– L’exploitant EDF n’a pas (ou pas correctement) effectué les contrôles obligatoires qui auraient permis de détecter ces défectuosités, ou bien a préféré ne rien dire pour éviter d’arrêter des réacteurs, aggravant le risque de causer une catastrophe.

– L’Autorité de sûreté nucléaire, prétendue « la plus compétente et la plus indépendante du monde » n’a rien vu… ou rien dit.

Face à cette situation, l’Observatoire du nucléaire a déposé une plainte en justice dès le 4 mai 2016, bien avant que l’ASN, en octobre, ne saisisse à son tour le procureur de la République dans l’idée de se disculper : pour l’Observatoire du nucléaire, l’ASN fait bel et bien partie des coupables et devra s’expliquer sur son incompétence… ou sa complicité.

Il est donc clair que les citoyens ne peuvent en aucun cas faire confiance aux dirigeants d’EDF et de l’ASN qui s’autorisent à relancer des réacteurs qui devraient rester arrêtés. Le Conseil d’État est aujourd’hui en mesure de faire cesser cette fuite en avant insensée : prendra-t-il ses responsabilités ou acceptera-t-il lui aussi de rendre facultatives les règles de sûreté sous prétexte qu’il fait froid ?

http://www.observatoire-du-nucleaire.org