Les élus écologistes de la majorité semblent isolés dans leur combat historique portant sur une disparition du nucléaire.
« Sur le nucléaire, c’est simple, beaucoup de députés n’ont pas d’avis et beaucoup n’ont pas envie de s’engager. » Parole de parlementaire La République en marche (LRM) au sujet de ses collègues de la majorité. (NDLR : si on n’a pas d’avis et qu’on n’a pas envie de s’engager, pourquoi vouloir être député ? Pour la paye peut-être, la carrière ?…). À quelques jours du dévoilement de la feuille de route énergétique du gouvernement, le grand flou règne sur la position des députés macronistes sur cette question délicate.
Si LRM compte énormément d’élus sensibles aux questions environnementales, qui ont à plusieurs reprises montré leur volontarisme en la matière, les lignes de fracture sur le nucléaire sont difficiles à identifier. « Les gens s’expriment peu car très peu connaissent le sujet sur le bout des doigts », explique un député macroniste plutôt pro-nucléaire. « C’est un sujet très technique donc c’est complexe de s’y plonger », observe Matthieu Orphelin, ancien d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) aujourd’hui élu LRM. Lui a, en l’occurrence, une position assez claire. La future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devra prévoir la fermeture « d’au moins un réacteur par an dès 2022 ». Sans fermeture avant 2028, « on ne pourra pas revendiquer une PPE ambitieuse », prévient-il.
La disparition du nucléaire est l’un des combats historiques des écologistes et, en la matière, M. Orphelin peut compter sur le soutien de Barbara Pompili. La présidente LRM de la commission du développement durable, ancienne d’EELV et ancienne secrétaire d’État à l’écologie, a, depuis le début de son mandat, mis l’accent sur le nucléaire. Elle a notamment conduit une commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des centrales françaises, qui a rendu ses conclusions en juin, lesquelles ont été fortement contestées par EDF.
« On ne se sent pas partie prenante de ce débat »
Les écologistes de la majorité ont parfois reçu le soutien de certains députés sur le développement des énergies renouvelables et la rénovation énergétique, ils semblent isolés sur une ligne antinucléaire. Ils avaient rejoint la campagne d’Emmanuel Macron sur la base de l’objectif de réduction du nucléaire d’ici à 2025 – une date que la PPE va désormais repousser à 2035.
Mais la démission de Nicolas Hulot a secoué les écologistes de la majorité et accentué l’isolement des plus sceptiques envers l’énergie nucléaire. Une PPE timide sur le sujet ne ferait que renforcer ce sentiment.
Certains députés qui ne sont pas issus de la mouvance écologiste – et qui préfèrent rester anonymes – affirment pourtant soutenir l’idée de fermer des réacteurs de manière anticipée, mais n’excluent pas, eux, la construction de nouveaux réacteurs EPR à plus long terme.
La majorité compte par ailleurs plusieurs députés ayant travaillé dans le nucléaire, comme Perrine Goulet (Nièvre), Claire Pitollat (Bouches-du-Rhône) ou Sonia Krimi (Manche). Dans le cadre de la commission d’enquête sur le nucléaire, elles ont exprimé des voix divergentes de celle de Mme Pompili. Cela n’en fait pas non plus des défenseuses de l’atome à tout prix, assurent plusieurs de leurs collègues.
Le problème pour la majorité est plus large : les députés n’auront pas à se prononcer sur le fond de la PPE. La loi de transition énergétique de 2015 ne prévoit pas de consultation des parlementaires sur le texte. (NDLR : ce qui est scandaleux !) Une situation qui agace certains élus. « Il y a un consensus dans le groupe pour dire qu’on devrait être plus associés, car on ne se sent pas partie prenante de ce débat », regrette Anne-France Brunet, députée LRM de Loire-Atlantique. Fin juin, 100 parlementaires LRM signaient une tribune dans Le Monde pour demander que la PPE soit examinée à l’Assemblée. Le gouvernement y a opposé une fin de non-recevoir.
Par Manon Rescan et Nabil Wakim Publié le 21 novembre à 12h20, mis à jour hier à 15h06
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/21/nucleaire-les-deputes-macronistes-peinent-a-se-forger-une-opinion_5386518_3234.html
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