Greenpeace publie ce mardi une carte des principaux lieux de stockage et des axes de transport des déchets radioactifs en France. L’Occitanie y est bien représentée avec 6 principaux sites de stockage et les autoroutes A61 et A62 empruntées par des convois routiers à haut risque.
Que deviennent les déchets radioactifs produits en masse depuis 60 ans par l’industrie électronucléaire française, forte de 58 réacteurs ? Où sont-ils stockés ? Par où transitent-ils ?
L’ONG Greenpeace a établi une carte des sites et points de passage des matières et déchets radioactifs en France. Elle permet de découvrir où ces déchets sont stockés et par où ils transitent, « souvent à l’insu des riverains« , selon Greenpeace, près de votre commune. Il suffit d’entrer votre code postal sur le site de Greenpeace qui vous informe sur la présence près de chez vous d’un centre de stockage de déchets nucléaires, ou d’une centrale nucléaire qui entrepose des déchets.
6 sites principaux de stockage et d’entreposage en Occitanie
La région Occitanie est loin d’être épargnée.
Ainsi, Greenpeace y mentionne 6 sites principaux de stockage et d’entreposage :
- Golfech (Tarn-et-Garonne) : Exploitant : EDF. Type : Entreposage. Centrale nucléaire équipée de deux réacteurs de 1300 MW en service depuis 1990. En plus des déchets nucléaires de faible et moyenne activité y sont entreposés les combustibles usés hautement radioactifs sortis des réacteurs et acheminés par train à l’usine de la Hague (officiellement non comptabilisés comme « déchets »).
- Bertholène (Aveyron) : Exploitant : Orano. Type : Stockage. Ancienne mine d’uranium à ciel ouvert et souterraine exploitée jusqu’en 1994. Présence de résidus et de boues. Installations démantelées et site clôturé en cours de réaménagement.
- Malvési (Aude, zone industrielle de Narbonne) : Exploitant : Orano. Type : Stockage. Le site de Malvési accueille une usine de raffinage et de conversion de minerais d’uranium exploitée par Orano (ex-Areva) qui génère des déchets radioactifs. Il comprend aussi sur plus de 25 hectares un ensemble de bassins à ciel ouvert dans lesquels sont stockés des boues et résidus liquides radioactifs et chimiques. L’état de ces bassins suscite de vives inquiétudes notamment en cas d’intempéries ou d’inondations.
- Lodève (Hérault) : Exploitant : Orano. Type : Stockage. Site d’une ancienne mine d’uranium à ciel ouvert et souterraine et d’une usine de traitement d’uranium exploitées jusqu’en 1997. Présence de résidus de minerais et de boues. Installations démantelées et site réaménagé.
- Le Cellier (Lozère) : Exploitant : Orano. Type : Stockage. Ancienne mine d’uranium à ciel ouvert et souterraine exploitée jusqu’en 1988. Une usine de traitement d’uranium était également en service jusqu’en 1990. Présence de résidus et de boues. Installations démantelées et site réaménagé et clôturé.
- Marcoule (Gard) : Exploitant : Orano. Type : Entreposage Le site de Marcoule compte plusieurs installations nucléaires. Certaines utilisées à des fins militaires sont aujourd’hui à l’arrêt comme les réacteurs pour produire du plutonium (jusqu’au milieu des années 1980 toujours en phase de démantèlement) le réacteur Célestin (jusqu’en 2009) et l’usine d’extraction de plutonium (UP1 rebaptisée « usine de traitement du combustible nucléaire usé » jusqu’en 1997). D’autres ont pris le relais : Orano (ex-Areva) y a implanté son usine Melox où est produit le combustible Mox (mélange d’oxyde d’uranium et de plutonium). D’importants volumes de matières et déchets radioactifs y sont entreposés et stockés. Le plutonium hautement dangereux utilisé pour le Mox provient des opérations de retraitement de l’usine de la Hague (dans la Manche) très polluantes. Des convois de plutonium à haut risque traversent la France de la Hague à Marcoule tandis que d’autres chargés de Mox usé retournent de Marcoule à la Hague.
Une région traversée par les convois de camions remplis de plutonium et de rebuts de Mox :
L’autoroute A61, entre Nîmes et Toulouse, via Montpellier, Béziers, Narbonne et Carcassonne ainsi que l’autoroute A62 entre Toulouse et Montauban sont empruntées par des convois routiers nucléaires à haut risque. Il s’agit de camions passant à proximité des grandes villes d’Occitanie, soit en provenance de la Hague et transportant du plutonium issu du retraitement à destination de Marcoule, soit en provenance de Marcoule et transportant des rebuts de Mox (mélange de plutonium et d’uranium) à destination de la Hague.
Un débat public sur la gestion des déchets radioactifs
Greenpeace ne publie pas sa carte par hasard. Cette publication intervient après le lancement au mois d’avril d’un débat public sur les déchets nucléaires dans le cadre du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2019-2021.
« Alors qu’un débat public sur la gestion des déchets radioactifs se tient jusqu’au 25 septembre, chaque citoyen doit pouvoir faire entendre sa voix, pour que l’industrie nucléaire ne soit pas la seule à s’exprimer », estime Greenpeace.
Le débat, mis entre parenthèses pendant la campagne des élections européennes, reprend ce mardi, avec des dizaines de réunions publiques qui doivent se tenir jusqu’à l’automne dans toute la France.
Par Vincent Albinet, publié le 28/05/2019 à 17h32
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