L’Institut de radiologie et de sûreté nucléaire est chargé d’évaluer les risques qui pèsent sur les installations nucléaires françaises. L’inondation qui a touché la centrale de Blayais en 1999 a notamment permis de remédier à certains oublis.
Le séisme qui a frappé ce lundi la vallée du Rhône, où se situent plusieurs centrales nucléaires, n’a pas manqué de provoquer une certaine inquiétude parmi les habitants de la région. Sur le volet du risque sismique, la France a revu à la hausse toutes ses normes de sécurité à la suite du grave incident de Fukushima, survenu en 2011 après un séisme au large des côtes japonaises. Cependant, ce n’est pas la seule menace qui pèse sur les installations nucléaires françaises.
Les risques d’inondation
Selon l’Institut de radiologie et de sûreté nucléaire (IRSN), une vingtaine de réacteurs dans cinq centrales – sur les 58 réacteurs que compte la France – situés sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique sont exposés à un risque d’inondation. Là encore, les normes ont été revues à la hausse après un incident : en 1999, des vagues ont en effet submergé les digues de la centrale de Blayais, hautes d’un peu plus de 5 mètres. « La conjonction d’un niveau d’eau élevé dans l’estuaire de la Gironde avec une forte houle due à des vents extrêmement violents n’avait pas été anticipée », note l’IRSN, qui précise que les évaluations n’avaient pas été mises à jour depuis 1984. En outre, le plan d’urgence n’avait pas anticipé que la tempête prive la centrale de courant et l’isole physiquement du fait des routes coupées.
Risque nucléaire : huit ans après Fukushima, la France élargit ses périmètres de sécurité
Une série de mesures ont été prises par la suite, dont un rehaussement des murs de la centrale, l’ajout de murs anti-houle hauts de 8 mètres et la mise en place de groupes électrogènes pour chacun de ses réacteurs afin de palier une potentielle défaillance des groupes de secours.
Le cas du transport
Le transport de matériaux radioactifs constitue également un facteur de risque. En moyenne, près de 1 million de colis radioactifs sont transportés chaque année, dont un peu plus de 100.000 concernant le cycle du combustible. En 2014 et 2015, respectivement 139 et 122 incidents ont été recensés. En forte hausse par rapport à 2013 (98).
Nucléaire : de l’électricité et des déchets
Cependant, cette augmentation est principalement due à « une meilleur déclaration d’événements mineurs », selon l’IRSN. En l’occurrence, la majorité des incidents de ces deux années résulte d’une mauvaise fermeture des fûts utilisés pour les transports de minerai d’uranium expédiés depuis l’étranger. L’IRSN recommande un meilleur contrôle au moment du remplissage. Le seul événement ayant atteint le niveau 3 de l’échelle internationale des événements nucléaire (INES) – seuil à partir duquel il s’agit d’un événement grave – a été recensé en 2001.
Les agressions externes
Pour dénoncer la potentielle vulnérabilité des installations nucléaires françaises, Greenpeace n’a pas hésité à s’introduire dans l’enceinte de plusieurs centrales pour des actions coup de poing. En 2017, plusieurs militants avaient tiré un feu d’artifice à l’intérieur de la centrale de Catenom, en Moselle. L’année dernière, l’ONG avait survolé la centrale de Bugey, dans l’Ain, avec un drone qui avait fini sa course contre un des murs de la piscine d’entreposage de combustible usé de l’installation.
Lors de cette dernière action, EDF a rappelé que ses « bâtiments combustibles sont dimensionnés contre les agressions externes ». Les centrales sont dotées de deux types de murs qui sont pensés pour garantir à la fois « l’étanchéité » ou la « relative étanchéité » en cas d’incident interne ainsi qu’une protection face aux attaques externes.
Par Gabriel Nedelec, publié le 13 novembre. 2019 à 6h30, mis à jour le 13 novembre. 2019 à 9h57
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