EDF efface pratiquement en Bourse l’effet pandémique grâce aux espoirs de réforme.
Si la gestion de la pandémie donne l’impression de marcher sur la tête, c’est oublier l’autre Absurdistan, celui où vivent les énergéticiens européens. Dernier sophisme en date, la France pourrait connaître cet hiver des coupures de courant car elle est « trop dépendante » du nucléaire, dixit sa ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. L’approvisionnement du pays l’est certainement beaucoup moins des louvoiements de l’État depuis des années sur l’avenir de cette filière, ballottée entre les considérations politiques de court terme et les gages donnés à Bruxelles sur l’ouverture d’un marché dont l’ancien monopole, EDF, a pourtant perdu un quart. De vieilles directives européennes d’inspiration thatchérienne vont ainsi déterminer pour quelques décennies la capacité de l’électricien public à optimiser les productions ne reposant pas sur la météo au moment où celles-ci deviennent cruciales. Les trois EDF qui naîtraient de la réforme, « Bleu » (nucléaire), « Vert » (distribution et énergies renouvelables) et « Azur » (hydroélectricité), sont autant de chiffons rouges pour des syndicats criant déjà au démantèlement. Agités en Bourse, ils ont attiré les « bulls » qui ont presque effacé du titre l’épisode pandémique. Mais n’étant plus qu’à une encablure des 15 à 16 euros pièce, calculés par les courtiers en cas de relèvement du prix du mégawattheure nucléaire, celui-ci s’expose aux courts-circuits politiques.
Par Les Échos, publié le 29 novembre 2020 à 17h11, mis à jour le 29 novembre 2020 à 17h41
https://www.lesechos.fr/idees-debats/crible/edf-chiffons-rouges-1269361
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