À Dampierre-en-Burly (Loiret) comme partout ailleurs, l’eau est au centre même du bon fonctionnement de la centrale nucléaire. Mais les rejets qu’elle émet, même encadrée, sont au cœur des débats par leur nature polluante.
C’est un sujet devenu brûlant en pleine crise climatique, dès lors qu’est évoquée la question des centrales nucléaires et son impact sur l’environnement. En cause, parmi d’autres facteurs, la nature des rejets en eau dans les fleuves.
À Dampierre-en-Burly (Loiret), « l’eau est récupérée dans un canal d’amenée« , explique le directeur de la centrale, Laurent Berthier. « Elle est filtrée avec un dégrilleur, déminéralisée et rejetée, en petite quantité après le passage dans les différents circuits. Une étude chimique et radioactive est systématiquement effectuée. »
Des rejets contrôlés selon le débit de la Loire
Si Laurent Berthier explique qu’il est « difficile de quantifier en volume ces rejets », le directeur de la centrale rappelle que tout est fait dans des conditions sûres et contrôlées. « Lorsque le débit de la Loire atteint 30 mètres cubes par seconde, les rejets radioactifs liquides sont interdits. À 25 mètres cubes par seconde ils sont stoppés et les prélèvements d’eau, faits pour compenser le panache de vapeur des aéroréfrigérants (à hauteur de 0,8 mètres cubes par seconde), sont arrêtés ».
Face au manque d’eau, l’ouverture du canal de Briare s’accompagne de mesures préventives
Des situations qui n’ont pas eu lieu jusqu’à présent, le débit d’eau étant tombé au plus bas à 38 mètres cubes par seconde en 2022, malgré un été très sec. « On ne fait de toute façon pas des rejets tous les jours », précise Laurent Berthier, conscient du problème en période d’étiage, lorsque le niveau d’eau baisse, mais pas inquiet pour l’avenir.
Ces explications laissent cependant perplexes les antinucléaires comme Françoise Pouzet, présidente de l’association Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye.
Des difficultés pour les biotopes ligériens ?
Les rapports des rejets de l’autorité de sûreté nucléaire de 2020 ont démontré qu’à Dampierre il y avait 396 tonnes de rejets chimiques – c’est 88,3 tonnes pour Belleville-sur-Loire, dans le Cher. Les centrales assurent qu’elles restent dans les normes fixées par l’autorité de sûreté nucléaire, mais elles devraient en revanche se pencher sur la qualité de l’eau rejetée, « souvent écocide. »
La Loire, impactée par les rejets de la centrale de Dampierre, a reçu 396 tonnes de rejets chimiques en 2020.
Le cuivre, le zinc et le tritium (élément radioactif), sont notamment pointés du doigt par la présidente de l’association. Ils causeraient des difficultés aux biotopes ligériens (les êtres vivants qui vivent grâce à l’eau). » On considère de notre côté que dès qu’il y a de la matière chimique, il s’agit d’une petite catastrophe environnementale. »
Une accusation réfutée par Laurent Berthier qui assure être « très précautionneux vis-à-vis des enjeux de l’environnement et de la biodiversité. Il s’agit là d’un des objectifs prioritaires. » Plus que jamais, la question des rejets en eau reste un sujet sensible au cœur d’un plus vaste débat environnemental.
Par Thomas Bogeard, publié le 22/03/2023 à 14h00
Photo en titre : Le canal de l’amenée ou est récupérée l’eau qui va dans les circuits et notamment les aéroréfrigérants © Marc DIDIER
https://www.lamontagne.fr/dampierre-en-burly-45570/actualites/les-rejets-de-la-centrale-nucleaire-de-dampierre-en-burly-dans-le-loiret-sont-ils-nocifs-pour-la-loire_14281237/
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