Grâce à sa campagne menée contre le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, Ryuichi Yoneyama a remporté le siège de gouverneur devant le candidat soutenu par le Premier ministre pro-nucléaire
En ce lundi matin, les Japonais ont pu découvrir en première page de leurs journaux le portrait d’un homme souriant dont la plupart d’entre eux n’avaient sans doute jamais entendu parler auparavant. Ryuichi Yoneyama, c’est son nom, a été élu dimanche gouverneur de la préfecture de Niigata, à 400 km au nord-ouest de Tokyo. Ce médecin et avocat, sans étiquette mais soutenu par le Parti communiste et le Parti social-démocrate, a largement battu Tamio Mori, le candidat défendu par la coalition gouvernementale du Premier ministre Shinzo Abe.
Sans aucune expérience politique, à la différence de Mori qui a été maire de Nagaoka, Ryuichi Yoneyama s’est imposé grâce à sa prise de position très claire sur le délicat sujet du redémarrage de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. « Aujourd’hui nous ne sommes pas en mesure de protéger vos vies et votre mode de vie. Dans ces conditions, je déclare que je ne peux pas soutenir une relance de la centrale », a-t-il rappelé après l’annonce de sa victoire. Arrêtée comme l’ensemble du parc nucléaire au lendemain de l’accident à la centrale de Fukushima Dai-ichi, celle de Kashiwazaki-Kariwa figure pourtant parmi les priorités du gouvernement. Mais selon un sondage du quotidien local Niigata Nippo du 10 octobre, plus de 60 % des personnes interrogées se prononçaient contre le redémarrage des 7 réacteurs de cette installation capable de produire 8 gigawatts.
Référendum. La population de la préfecture est depuis de nombreuses années très sensible à la question nucléaire. Il y a tout juste vingt ans, les habitants de Maki, village de la préfecture, s’étaient mobilisés et avaient organisé le premier référendum d’initiative populaire du pays contre le projet de construction d’une centrale sur leur territoire. Leur démarche avait suscité un grand débat dans le pays et libéré les voix des opposants à l’énergie nucléaire dans un pays où elle était portée aux nues par les autorités et un puissant lobby industriel.
Ryuichi Yoneyama s’inscrit dans cet héritage. Après s’être présenté quatre fois sans succès, il a pu réunir autour de son nom les suffrages des électeurs peu rassurés par les engagements en matière de sécurité de l’opérateur Tepco qui en dehors de la centrale de Fukushima gère également celle de Kashiwazaki-Kariwa. Le nouvel élu s’est engagé à suivre la voie ouverte par son prédécesseur qui avait aussi manifesté son opposition à la relance des réacteurs aujourd’hui à l’arrêt. Son élection lui permet d’ores et déjà de sortir de l’anonymat et de remettre sur les feux de l’actualité le thème de l’avenir du nucléaire au Japon.
http://www.lopinion.fr/edition/international/japon-opposants-nucleaire-marquent-point-a-niigata-112316
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