GRANDE-BRETAGNE : LE PROJET NUCLÉAIRE NUGEN FRAGILISÉ PAR LE RETRAIT D’ENGIE

 EngireTokyo – Le japonais Toshiba va racheter les 40% détenus par le français Engie dans NuGen, ce qui pousse Londres à chercher de nouveaux partenaires pour sauver le projet de centrale nucléaire porté par cette coentreprise au Royaume-Uni.
Cette vente, évaluée à 15,3 milliards de yens (127 millions d’euros), s’effectue à la requête d’Engie, a indiqué le conglomérat Toshiba dans un communiqué publié mardi. La date de la transaction n’a pas encore été décidée.

NuGen prévoit la construction de capacités de production d’électricité nucléaire allant jusqu’à 3,8 gigawatts sur le site de Moorside, dans le comté de Cumbrie (nord-ouest de l’Angleterre), avec trois réacteurs AP-1000 conçus par l’américain Westinghouse, filiale de Toshiba.
Engagé dans un virage stratégique axé sur la transition énergétique, Engie avait dit étudier la viabilité économique de ses nouveaux projets nucléaires, en Turquie mais aussi au Royaume-Uni, tout en envisageant d’accueillir des partenaires dans sa filiale nucléaire belge Electrabel.
Le dépôt de bilan de Westinghouse, annoncé la semaine dernière, a visiblement précipité les choses.
« NuGen (…) fait face à des événements qui conduisent Engie à exercer ses droits contractuels de transfert de sa participation de 40% à Toshiba« , a indiqué le géant énergétique français dans un communiqué, tout en disant rester « disposé à apporter son savoir-faire et son expertise au projet« , dans un pays où il compte 17.000 collaborateurs.
« Une telle procédure de faillite autorise Engie à vendre l’ensemble de sa participation à Toshiba, ou à acquérir l’ensemble des actions » de Nugen qu’il détient, et « Engie a en conséquence exercé ses droits pour demander à Toshiba de lui racheter sa part« , a expliqué de son côté la firme japonaise.
Toshiba assure que l’opération n’aura « pas d’impact » sur ses comptes consolidés, alors que le groupe, en pleine débâcle financière, redoute une perte annuelle massive de 1.010 milliards de yens (8,4 milliards d’euros).
Cette décision d’Engie va cependant compliquer le redressement du conglomérat japonais, qui a décidé, pour tenter de s’extirper du marasme, de réduire la voilure dans le nucléaire en cédant la majorité de ses activités à l’étranger.
Il a dit mardi « continuer à chercher des investisseurs intéressés par NuGen« , dont la mise en service de la centrale nucléaire était prévue en 2025, après une décision finale d’investissement fin 2018.
La plus puissante –
Dans ce contexte, l’annonce surprise du groupe français va renforcer la pression sur les autorités britanniques, qui ont fondé une part de leur stratégie énergétique sur la construction de nouvelles centrales nucléaires – dont celle de Moorside qui doit en être la plus puissante.
Le ministre britannique de l’Énergie, Greg Clark, actuellement en Corée du Sud, devait aborder la question de l’éventuelle entrée d’investisseurs comme la compagnie sud-coréenne Kepco dans le projet, ont rapporté les médias britanniques ces derniers jours. Mais cette recherche prend une dimension plus fondamentale après le retrait français.
« Le ministre est actuellement en Corée du Sud pour discuter de future coopération entre nos deux pays, y compris sur des projets nucléaires civils« , a expliqué à l’AFP un porte-parole du ministère, sans entrer dans plus de détails.
Il a confirmé que le gouvernement britannique « restait déterminé à ce que de nouvelles capacités nucléaires constituent une part importante de notre bouquet énergétique, après avoir donné le feu vert à la première construction d’une centrale nucléaire depuis une génération, Hinkley Point C« .
Après des années de préparation et de négociation, le contrat pour la construction de Hinkley Point C (sud-ouest de l’Angleterre) a été signé fin septembre entre le gouvernement britannique, le maître d’œuvre EDF et le groupe nucléaire chinois CGN, partenaire du géant français de l’électricité dans ce projet.
D’un coût évalué à 18 milliards de livres (plus de 21 milliards d’euros), cette centrale doit comporter deux réacteurs de type EPR d’une puissance totale de 3,2 GW et couvrir à terme 7% de l’électricité consommée dans le pays.
La filiale britannique d’EDF, EDF Energy, a « coulé le premier béton » pour certaines des premières structures permanentes de la centrale, a-t-elle annoncé fin mars. Le début de la construction du premier réacteur est prévu courant 2019, pour une mise en service fin 2025.

https://www.romandie.com/news/GB-le-projet-nucleaire-Nugen-fragilise-par-le-retrait-dEngie/785641.rom