Sans tomber dans le catastrophisme, le récent essai nucléaire de la Corée du Nord ravive la crainte d’une escalade des tensions. Quelques heures après l’annonce de l’essai réussi d’une bombe à hydrogène « d’une puissance sans précédent », les États-Unis se sont dit prêts à utiliser leurs capacités nucléaires au cas où la Pyongyang continuerait à les menacer ou à menacer leurs alliés. Et si une guerre nucléaire éclatait, les nouvelles technologies seraient-elles d’une aide quelconque ? On explore les scénarios – plus ou moins réalistes – pour vous aider à sortir de ce pétrin.
Scénario 1 : Une bombe nucléaire explose sur Séoul
Un accident est si vite arrivé… « Il y a peu de chance que volontairement les Nord-coréens ou les Américains décident d’employer une arme nucléaire l’un contre l’autre. Par contre, on ne peut pas exclure l’idée que, du fait des tensions, de la multiplication des exercices militaires, l’un pense que l’autre va l’attaquer et enclenche quelque chose d’inévitable », explique Jean-Marie Collin, vice-président IDN – Initiatives pour le Désarmement Nucléaire et membre de ICAN France (Campagne internationale pour l’Abolition des Armes nucléaires).
Concrètement, si une bombe nucléaire est larguée à Séoul, la ville est rasée, le bilan humain très lourd, mais la capitale sud-coréenne pourrait se reconstruire. « Hiroshima et Nagasaki existent toujours, elles ont des habitants, l’armement nucléaire n’est pas aussi définitif qu’on le dit », précise Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Iris. En France, on ne serait pas plus affectés qu’en 1986, au moment de la catastrophe de Tchernobyl. Notre « confort technologique », par contre, en prendrait coup (et l’économie aussi). N’oublions pas que la Corée du Sud abrite Samsung, l’un des leaders de l’industrie mobile, et que la plupart des produits électroniques viennent du continent asiatique. Imaginez un monde où vous êtes obligés d’acheter Apple ? Pas de panique, on n’y est pas encore.
Vous autres, hypocondriaques, que les pastilles d’iode ne rassurent pas , il y a un moyen de connaître le degré de radiation avec les compteurs Geiger. Il en existe même pour smartphone. Mieux, le boîtier Rium, développé par les Français Icohup pour le grand public (présenté au dernier CES), donne l’origine de la radioactivité. On peut savoir si l’on est en présence de césium, d’uranium, de tritium…. Ça pourrait vous sauver la vie.
Niveau d’angoisse : 30 %
Scénario 2 : Une bombe explose en France
On ne va pas se mentir, c’est la panique. On vous la fait courte : la bombe crée une boule de feu de quelques dizaines de millions de degrés qui se transforme, en une seconde, en une boule de feu qui mesure environ 5 kilomètres de diamètre. Résultat : tout ce qui est inflammable est vaporisé, la plupart des immeubles s’effondrent dans une zone de plus de 2 km. Si vous êtes dans cette zone, vous êtes morts, sauf si vous êtes prévenus par SMS comme à Taïwan ou au Japon au moment d’un séisme et que vous avez juste le temps de trouver un abri. Et encore, si la bombe a déjà explosé, c’est cuit (sans mauvais jeu de mot).
Sous terre, dans le métro, il vous reste une petite chance de vous en sortir, surtout si vous ne remontez pas à la surface. Vous seriez tué par les incendies. Sans compter que le système routier de la ville serait paralysé, comme l’explique l’étude de l’Observatoire des armements*. Un smart citizen kit, développé par le Fablab Barcelona, pourrait bien être utile pour connaître la qualité de l’air, mesurer le bruit, la luminosité, la température, le taux d’humidité, les particules fines. Les données sont publiées sur une plateforme Web en open source. Encore faut-il avoir accès à la 4G ou à un réseau Wifi (ce qui est assez peu probable, les moyens de communication ont toutes les chances d’être interrompues, selon la même étude).
« Dès qu’on parle de radioactivité, on est sur des protections physiques », pointe Jean-Vincent Brisset. Les sociétés américaines Atlas Survival, Rising S Company proposent des bunkers, mais il faut sortir le portefeuille. En Allemagne, Vivos Europa One propose une installation grand luxe. Mais ça risque de déplacer le problème car vous manquerez de vivres et d’eau assez vite et il n’est pas question de sortir tout de suite de votre « grotte ».
Et si vous n’avez rien vu venir (il n’y a quasiment pas de bunkers en France, à la différence de la Suisse où une loi oblige chaque habitation de posséder son propre abri-, que vous êtes à sec), vous ne sauverez pas votre peau, mais un bunker de l’apocalypse a été construit en Norvège pour protéger les données de l’humanité. Tout n’est pas perdu.
Niveau d’angoisse : 90 %
Scénario 3 : Une guerre nucléaire éclate entre l’Inde et le Pakistan
Vous êtes plus que jamais concernés. Sur un simple échange nucléaire entre deux pays tels que l’Inde et le Pakistan (qui ne disposent pas d’un arsenal très important), l’ensemble de la planète en subirait les conséquences. « Concrètement, ces échanges vont créer des milliers de tonnes de poussières qui vont aller dans la stratosphère et empêcher le soleil d’atteindre notre atmosphère. Certaines parties du monde seront plongées dans une nuit plus ou moins permanente », décrit Jean-Marie Collin. Des zones de la planète se refroidiraient, les cultures dépériraient. Plus de deux milliards de personnes seraient menacées de famine, selon un rapport de 2013. Vous voyez « La route » de Cormac McCarthy ? (si non, mettez-le sur votre kindle de l’apocalypse). Ca y ressemblerait.
Même si vous êtes un magnat de la Silicon Valley – et que vous possédez une île flottante artificielle en Polynésie, des munitions et un hélicoptère prêt à décoller le jour de l’apocalypse -, vous n’y arriveriez pas. « On ne peut pas vivre dans des zones où la radioactivité est trop importante. On perdra des morceaux de territoires entiers », reprend Jean-Marie Collin. Sans oublier l’émergence de nouveaux conflits liés à la famine.
À ce stade, votre meilleure chance, c’est Elon Musk. Quittez la Terre en direction de Mars, pour 200.000 dollars (commencez à économiser dès maintenant). Colonisez la Planète rouge avec le programme Space X du milliardaire. Et s’il n’y a plus de place dans la navette, espérons que la cryogénisation existe d’ici là ( une première expérience avec une femme morte a été menée en août en Chine). Vous vous réveillerez quand ça ira mieux. Ce n’est la peine de s’infliger l’enfer sur Terre.
Niveau d’angoisse : 100 %
http://www.20minutes.fr/high-tech/2128091-20170907-guerre-nucleaire-si-sauviez-peau-grace-nouvelles-technologies
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