ISABELLE KOCHER, DIRECTRICE D’ENGIE : « LE NUCLÉAIRE NEUF, C’EST COMPLIQUÉ ET TRÈS CHER »

La directrice générale du groupe Engie, qui a entamé il y a trois ans une transition vers la production à 100% d’énergies non carbonées, estime que les énergies renouvelables vont finir par devenir plus compétitives que le nucléaire.

INTERVIEW par Patrick Cohen

La transition énergétique est en marche. Le géant Engie (ex GDF-Suez) s’est donné trois ans pour ne plus produire aucune énergie carbonée. Les premières échéances fixées, notamment par l’État, son actionnaire à 24%, arrivent à leur terme au printemps et Isabelle Kocher, directrice générale du groupe depuis 2016, assure que le délai sera respecté. « Nous nous sommes donné trois ans pour être à 100% dans ce nouveau monde de l’énergie. Ça n’est pas habituel de transformer un groupe de cette taille à cette vitesse, mais c’est nécessaire« , explique-t-elle mercredi, au micro de Patrick Cohen dans Europe Matin. « Nous sommes en avance sur tous nos points de passage. Dans ce reprofilage qui consiste à arrêter ou vendre 20% de nos activités, nous avons fait 80% du chemin« .

Le nucléaire, condamné sur le long terme ? La responsable estime que le nucléaire, qui fait largement débat en France, a encore un rôle à jouer dans cette transition. « Le nucléaire c’est décarbonné et c’est efficace. C’est compétitif, ça ne coûte pas très cher, les centrales sont amorties« , déclare-t-elle à propos des capacités énergétiques nucléaires déjà existantes. « Tant que l’Autorité de sûreté valide la capacité des centrales à durer, c’est intelligent de le faire« . Pour autant, Isabelle Kocher se montre beaucoup plus sceptique sur l’avenir à long terme de cette filière face à l’essor des énergies renouvelables. « Le nucléaire neuf, je pense que c’est plus compliqué. C’est très cher maintenant. Et comme on voit le prix d’autres énergies décarbonées baisser rapidement, je pense que les courbes vont se croiser« .

Lenteurs administratives. Mais pour Isabelle Kocher, un effort doit encore être fourni en France pour faciliter la mise en place d’énergies vertes. Elle cite notamment l’exemple des éoliennes, dont l’installation est souvent retardée par de nombreuses démarches administratives. « On met trop de temps entre le moment où nous détectons un site sur lequel on pourrait installer une éolienne, et le moment où cette éolienne tourne. Il se passe en moyenne sept ans, sept ans de démarches administratives« , relève-t-elle. C’est un sujet de vitesse. Je sens bien qu’il y a une prise de conscience et que l’on va améliorer les choses.« 

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