LE PROJET DE RACCORDEMENT DE LA CENTRALE NUCLÉAIRE DE ZAPORIJJIA AU RÉSEAU RUSSE INQUIÈTE L’UKRAINE

Au sud de l’Ukraine, l’ombre d’une catastrophe nucléaire plane toujours. En fin de semaine, des tirs de missiles étaient tombés à quelques pas des réacteurs, mais l’origine de ces frappes n’a toujours pas pu être déterminée. L’agence du nucléaire ukrainien s’inquiète d’un potentiel raccordement de la centrale à la Crimée, région annexée par Moscou en 2014. Le processus de raccordement pourrait être risqué et les responsables du nucléaire ukrainien tirent sur la sonnette d’alarme.

 Située dans le sud de l’Ukraine, au bord du fleuve Dniepr la centrale nucléaire de Zaporijjia est la plus grande d’Europe. Avec une capacité de 6 000 mégawatts, elle fournit 20% de l’électricité de l’Ukraine. 

Inaugurée il y a 37 ans, la centrale possède six des 15 réacteurs ukrainiens, la construction du premier a débuté en 1979, alors que l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique. Trois des six réacteurs étaient toujours opérationnels début août, et l’un d’entre eux est à l’arrêt suite à des bombardements qui ont endommagé une ligne à haute tension. 

La centrale de Zaporijjia est considérée comme l’un des plus sûrs de sa génération. Dotée d’une technologie plus moderne que celle de Tchernobyl, son bâtiment réacteur est protégé par une enceinte en béton, doublée à l’intérieur de plusieurs parois en béton, et prévu pour résister à des chocs extrêmes, comme des explosions. Toutefois, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a prévenu que si les bombardements provoquent l’explosion de la centrale, ce sera 10 fois pire que Tchernobyl, quant à l’agence internationale de l’énergie atomique, elle met en garde contre « le risque très réel de catastrophe nucléaire ».

Une connexion dangereuse

Pour raccorder la centrale de Zaporijjia aux territoires occupés par les Russes, il faudrait couper toutes les lignes à haute tension qui l’alimentent avant de pouvoir la reconnecter. En fin de semaine dernière, des frappes de missiles auraient déjà endommagé deux des trois lignes à haute tension de la centrale et priverait deux régions ukrainiennes d’électricité.

Cette situation rappelle celle de Fukushima au Japon en 2011. Là-bas, le tremblement de terre avait privé la centrale de son alimentation, ce qui avait fait exploser les réacteurs. La centrale de Zaporijjia s’est rapprochée de ce cas selon certains experts de l’énergie atomique. La situation pourrait devenir très incertaine, selon l’agence ukrainienne, parce que les Russes seraient temporairement obligés de brancher la centrale à des générateurs alimentés par du diesel avant de pouvoir la raccorder.

Pour réduire ces risques de catastrophes nucléaires, Kiev s’en remettait à l’Agence internationale de l’énergie atomique en début de semaine. L’Ukraine voudrait qu’une zone démilitarisée soit mise en place autour de la centrale.  L’agence internationale a tout de même assuré qu’il n’y avait pour l’instant pas de menace immédiate pour la sûreté nucléaire, mais a réitéré sa profonde inquiétude concernant la situation de la centrale.

Par RFIpublié le 10/08/2022 à 14h59

Photo en titre : L’agence du nucléaire ukrainien s’inquiète d’un potentiel raccordement de la centrale de Zaporijjia à la Crimée. © ALEXANDER ERMOCHENKO/REUTERS

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