Emmanuel Macron a réuni, le 3 février, un conseil de politique nucléaire (CPN), en compagnie de la Première ministre Élisabeth Borne et des représentants de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Le but de cette réunion était de « reprendre en main notre avenir énergétique » et de « faire un point d’étape sur l’ensemble du dossier nucléaire français », a indiqué l’Élysée dans un communiqué.
Le CPN a validé le lancement d’études pour préparer la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires existantes, à 60 ans et au-delà. « Dans des conditions strictes de sûreté garanties par l’Autorité de sûreté nucléaire », a précisé l’Élysée. En janvier, le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk indiquait dans un entretien avec Le Monde que le scénario choisi « repose sur des hypothèses structurantes qui ne sont pas justifiées à ce stade. Il présente donc le risque d’engager le système électrique dans une impasse, dans le cas où le nombre de réacteurs aptes à fonctionner jusqu’à soixante ans ou au-delà serait insuffisant et ne serait connu que tardivement ».
Ce conseil a lieu un an après le discours d’Emmanuel Macron à Belfort, où il avait annoncé la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 avant 2035. Un débat public autour de ces nouveaux réacteurs nucléaires est actuellement encore en cours. « Le passage en force actuel est un doigt d’honneur au débat public mené depuis des mois par la Commission Nationale du Débat Public sur le futur énergétique de la France », a réagi France Nature Environnement dans un communiqué. De son côté, l’expert de Negawatt, Yves Marignac, observe qu’il y a dans la démarche du gouvernement un « mépris vis-à-vis du principe constitutionnel de participation du public à la décision en matière d’environnement, qui impose d’attendre les conclusions des concertations pour faire au moins semblant de les prendre en compte ». D’après l’Élysée, les conclusions de ce débat seront toutefois « intégrées dans la future programmation pluriannuelle de l’énergie », qui sera présentée en juin 2023.
Le CPN a maintenu le souhait de mettre en service ces réacteurs, sans faire de nouvelles annonces sur un calendrier précis. « La sécurisation du calendrier de mise en service de ces réacteurs sera rendue possible par des dispositions prévues dans le projet de loi relatif à l’accélération [du nucléaire] », a précisé l’Élysée. Ce texte, qui passera devant l’Assemblée nationale au printemps, est censé réduire les délais de certaines procédures administratives, jugées trop longues par le gouvernement.
Le CPN a également acté la création d’une délégation interministérielle au nouveau nucléaire – pour coordonner l’ensemble des acteurs mobilisés – et l’accélération de travaux autour du développement de programmes de petits réacteurs modulaires (SMR) et de réacteurs innovants (AMR). Le conseil de politique nucléaire se réunira une nouvelle fois en juin prochain.
Publié le 4 février 2023 à 10h09 Mis à jour le 4 février 2023 à 11h36
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