« C’EST UNE ERREUR DE CONTINUER À INVESTIR DANS L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE AUJOURD’HUI »

L’utilisation civile de l’énergie nucléaire a-t-elle un avenir en Europe ? La pression des lobbies en sa faveur est très forte dans nombre d’États.

Pour l’expert en questions nucléaires de Greenpeace, Roger Spautz, il y a pourtant suffisamment d’alternatives. Les dernières centrales nucléaires ont été retirées du réseau en Allemagne il y a environ trois semaines. D’autres États de l’Union européenne continuent de miser sur l’usage civil de l’énergie nucléaire. 11 pays, dont la France, ont même fondé une alliance nucléaire.

Interviewé par RTL, Roger Spautz souligne les dangers liés à l’utilisation civile de l’énergie nucléaire. Ainsi, par exemple, à cette date, nul ne sait comment il faudra traiter les déchets radioactifs sur des centaines voire des milliers d’années.

Fin avril, le Luxembourgeois s’est rendu sur le site de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, synonyme de l’une des plus graves catastrophes nucléaires de l’histoire de l’humanité. Le drame avait été déclenché en mars 2011 par un tremblement de terre et le tsunami qu’il avait entraîné.

Roger Spautz décrit comment les gens vivent aujourd’hui dans les régions irradiées à l’époque. Après que le sol ait été décontaminé par endroits.

Fukushima: la situation est à nouveau grave dans la centrale

Roger Spautz, qui est membre de la Délégation du Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, s’est approché de très près de la centrale pendant un bref moment dans le cadre de sa visite à Fukushima. « La situation y est encore relativement grave. Les réacteurs doivent être refroidis en permanence. Il y a plus d’un million de mètres cubes d’eau contaminés, qui sont stockés dans des réservoirs géants, d’où de l’eau contaminée s’est répandue dans la mer. »

L’expert souligne que les réacteurs devront être refroidis pendant encore 30 ans au moins avec de l’eau. Il sera très compliqué d’évacuer un jour la matière radioactive issue de la fusion du cœur sous le réacteur, car le niveau de rayonnement est très élevé. 

À quel point la centrale de Cattenom est-elle sûre ?

Quand vous entendez énergie nucléaire au Luxembourg, vous pensez spontanément à Cattenom, en France. À une douzaine de kilomètres de la frontière. Une centrale dont la gestion est critiquée par Greenpeace depuis des années. La semaine dernière, l’organisation environnementale a remporté une bataille juridique. Greenpeace a obtenu un aperçu des documents administratifs, qu’EDF, en tant qu’opérateur de la centrale, ne voulait pas divulguer. Et cela dans le contexte du problème de fissuration par corrosion sous contrainte, de certains réacteurs nucléaires français.

La fin de l’usage civil de l’énergie nucléaire n’est pas en vue, notamment parce que l’Union européenne a classé l’énergie comme verte dans le cadre des discussions sur la taxonomie. Le gouvernement luxembourgeois se montre très critique à cet égard. Les centrales ne seraient pas sûres, la problématique des déchets nucléaires, n’est pas résolue. « L’Union européenne et la Commission commettent une erreur en tentant de classer ‘vertes’ l’industrie gazière et l’industrie nucléaire« , réagit Roger Spautz.

À propos de la transition énergétique, Roger Spautz déclare que, même en France, l’approvisionnement énergétique, dans une perspective d’avenir, ne s’effondrerait pas sans les centrales nucléaires. Pas du jour au lendemain, il subsisterait à long terme, grâce à des mesures d’économie d’énergie.

Par Roger Spautz, (expert en nucléaire de Greenpeace), publié par RTL le 11.05.2023 à 11h27

https://infos.rtl.lu/actu/luxembourg/a/2061036.html