LA NOUVELLE PRÉSIDENTE DE LA BEI DEVRA-T-ELLE FORCÉMENT ÊTRE PRO-NUCLÉAIRE ? : « QUAND DES ÉTATS MEMBRES VEULENT DÉVELOPPER UNE FILIÈRE, IL FAUT LES Y AIDER »

Entre réforme du marché de l’électricité et taxonomie verte européenne, la bataille du nucléaire se poursuit depuis de nombreux mois à Bruxelles. Dans ce contexte, l’atome reçoit un gros coup de pouce de la part du commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.

Dans l’actu : le plaidoyer de Breton pour un financement européen du nucléaire.

Ce mercredi, le commissaire européen au Marché intérieur a plaidé pour que la Banque Européenne d’Investissement (BEI) finance l’énergie nucléaire à travers l’Union européenne.

Les détails : qu’a-t-il dit ?

. Selon Breton, la BEI « doit financer tout le mix énergétique de chacun des États membres ». « Je rappelle que le mix énergétique est une compétence exclusive des États : lorsque ceux-ci ont envie de le développer, il faut trouver des financements », a-t-il ajouté, cité par Euractiv.

. Le nucléaire étant « en marche en Europe », il doit être financé par la BEI, estime-t-il, rappelant que « la politique de la BEI est d’accompagner le Green Deal » et que le nucléaire « contribue » à ce dernier.

Vestager ou Calviño ?

Le contexte : bientôt une nouvelle présidente à la BEI.

Le plaidoyer pro-nucléaire de Breton – qui n’est d’ailleurs pas son premier du genre – survient quelques jours avant la nomination d’un nouveau président à la tête de la BEI. Ou plutôt d’une nouvelle présidente, les deux favorites étant la danoise Margrethe Vestager et l’espagnole Nadia Calviño. La première était jusqu’ici commissaire européenne à la Concurrence (un portefeuille repris par Didier Reynders), la seconde ministre espagnole des Affaires économiques et de la Transformation numérique.

Ce sont les ministres de l’Économie et des Finances des différents États membres qui décideront de la nouvelle présidente de la BEI. Ils pourraient se prononcer lors de leur réunion des 15 et 16 septembre prochains prévue à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne.

Et on s’attend à ce que l’énergie nucléaire soit l’une des matières qui fera la nouvelle reine. La France, leader du mouvement pro-atome européen, ne cache d’ailleurs pas qu’elle en a fait un de ses principaux critères décisionnels.

Sur ce sujet, Calviño semble partir avec une longueur d’avance sur Vestager. Si cette dernière a déclaré cet été à la télévision française que le nucléaire « fait partie de la solution », Paris s’en méfie.

« Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour supprimer l’énergie nucléaire de Repower EU [la récente proposition énergétique de l’UE], elle n’a donc pas vraiment gagné notre confiance dans ce domaine. Mais plus important encore, nous avons quelques divergences de vision sur la politique industrielle », a récemment confié un haut responsable français à Politico

L’affaire Scott Morton plaide aussi en la défaveur de Vestager. Du moins auprès de Paris.

Emmanuel Macron avait en effet très peu apprécié que la commissaire danoise propose de nommer une Américaine au poste d’économiste en chef de la concurrence. « Il faut avoir une autonomie de pensée », avait notamment fait valoir le président français.

La France étant un décideur très important au sein de l’UE, ne pas recevoir son soutien pourrait provoquer la défaite de Vestager. D’autant plus que Calviño semble avoir marqué des points ces derniers jours en se disant « ouverte » à ce que la BEI inclue l’énergie nucléaire parmi les projets à financer. Elle a ajouté être prête à faire fî de la réticence du gouvernement espagnol vis-à-vis de l’atome. De quoi ravir Paris, a priori.

Par Olivier Daelen, (Source : Euractiv), publié le vendredi 8 septembre 2023 à 14h53 

Photo en titre : Margrethe Vestager, Nadia Calviño et Thierry Breton. (Thierry Monasse/Getty Images, Dursun

Aydemir/Anadolu Agency via Getty Images, Simon Wohlfahrt/Bloomberg via Getty Images)

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NDLR : cette élection sera fondamentale pour le financement (donc le développement) du nucléaire civil dans l’UE mais aussi celui des énergies renouvelables car l’argent qui sera investi dans le nucléaire manquera pour les renouvelables! L’avenir énergétique européen va se jouer en grande partie dans cette élection!