L’ENTREPOSAGE À SEC DES COMBUSTIBLES NUCLÉAIRES IRRADIÉS : PAS SI BÊTE…

EXTRAIT : L’entreposage à sec des combustibles irradiés est présenté par la NRC, autorité de sûreté nucléaire des États-Unis, et par ORANO USA, ex-Areva, qui en fait le commerce aux États-Unis. Cette méthode, décriée en France, présente des avantages certains par rapport au retraitement des combustibles irradiés ainsi que pour la gestion des déchets radioactifs.

Introduction

À la fin de leur utilisation dans le réacteur nucléaire (trois ou quatre ans environ), les combustibles irradiés sont entreposés sous eau dans une « piscine » située à proximité du réacteur. Ils sont constamment refroidis par circulation de l’eau afin d’évacuer la chaleur produite par la radioactivité des produits de fission et des transuraniens, dont le plutonium, qu’ils contiennent.

La solution adoptée dans la majorité des pays pourvus de centrales nucléaires (États-Unis, Allemagne, Suède, Japon, Corée du Sud…) est de garder les combustibles irradiés en l’état, de les entreposer dans les piscines des réacteurs, et, après quelques années, dans des installations d’entreposage à sec lorsque leur radioactivité et la chaleur qu’ils dégagent ont suffisamment diminué.

Par contre, en France (La Hague) et au Royaume-Uni (Sellafield), est pratiqué le « retraitement » des combustibles irradiés, opération qui consiste à en extraire, par voie chimique, l’uranium et le plutonium, tandis que les produits de fission et les transuraniens autres que le plutonium, ou « actinides mineurs » sont gardés ensemble sous forme liquide, puis « vitrifiés » avant de les entreposer, également à La Hague pour la France.

Selon ce schéma, l’ensemble des combustibles irradiés issus des 58 réacteurs des 19 centrales nucléaires d’EDF en France, devrait être retraité après leur transfert des piscines proches des réacteurs vers les piscines de La Hague. En réalité, tous les combustibles irradiés ne sont pas retraités et un nombre important reste dans les piscines de La Hague, ainsi que les combustibles MOX au plutonium que l’on ne sait pas retraiter à l’échelle industrielle (risques de criticité et coût élevé). Il se produit donc une accumulation de combustibles irradiés dans les piscines de La Hague et, en amont, dans les piscines des centrales nucléaires en fonctionnement.

C’est dans ce contexte « d’engorgement » qu’est apparu assez récemment le projet d’EDF d’une grande piscine « centralisée »[1], de très grande capacité, qui pourrait accueillir les combustibles UOX[2] irradiés après un séjour suffisant dans les piscines des réacteurs, ainsi que les MOX et les URE[3] irradiés et qui, effectivement, n’ont rien à faire à La Hague puisqu’ils n’ont pas vocation à être retraités. L’instruction du projet de piscine centralisée donne l’occasion d’examiner l’opportunité de la poursuite de l’entreposage en piscine comme seule solution d’entreposage des combustibles irradiés, solution qui est la seule a être utilisée et même admise en France.

La présente note se contente de présenter la solution de l’entreposage à sec en s’appuyant sur l’expérience acquise aux États-Unis qui est le pays qui a non seulement le plus grand nombre de réacteurs producteurs d’électricité au monde, environ la centaine, mais aussi celui où ont été conçus et construits les réacteurs à uranium enrichi et eau ordinaire sous pression (REP) qui ont servi de modèles aux réacteurs français actuellement en fonctionnement. Nous présentons en première partie le document d’information de la NRC, autorité de sûreté nucléaire des États-Unis, sur l’entreposage à sec des combustibles irradiés. Et, en deuxième partie, le document publié par Orano, champion du retraitement en France, qui vante les mérites de son système d’entreposage à sec des combustibles irradiés, pour le marché américain.

Tandis qu’en France, les promoteurs du nucléaire disent tout le mal qu’ils pensent de l’entreposage à sec, qu’il s’agisse de la piscine centralisée ou du projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires, on voit que l’un d’entre eux en vante les mérites aux États-Unis et s’en fait le pourvoyeur…

NDLR : l’article se poursuit et traite notamment de :

1. Document d’information sur l’entreposage en conteneur à sec du combustible nucléaire irradié [4]

2. Fiche de présentation du procédé d’entreposage à sec d’ORANO USA : NUHOMS [6]

Par Bernard Laponche

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